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Les pratiques

GFC Construction féminise ses chantiers

Les pratiques | publié le : 11.03.2008 |

En janvier dernier, GFC Construction ouvrait, à Meyzieu, près de Lyon, un chantier dont plus de 20 % des ouvriers sont des femmes. Première traduction concrète d'une démarche de féminisation lancée en 2006, qui fait du constructeur un pionnier du genre dans le BTP.

Filiale de Bouygues Construction pour le quart sud-est de la France, GFC Construction ne comptait pas une seule femme en 2006 parmi ses 500 ouvriers... Une situation courante dans le BTP, contre laquelle l'entreprise souhaite pourtant réagir, afin d'ouvrir une nouvelle source de recrutement, et pour aller dans le sens de la charte de la diversité, signée en 2005. En 2006, GFC met donc en place, avec la Délégation régionale aux droits des femmes et à l'égalité, une démarche de féminisation de ses chantiers. Après neuf femmes intégrées en 2006, sept autres, identifiées en 2007, viennent de débuter leur parcours de formation. Et, le 14 janvier dernier, l'entreprise ouvrait, à Meyzieu (69), un chantier employant 5 femmes sur 18 ouvriers, soit un taux de plus de 20 %, bien supérieur à la moyenne de 1,3 % constatée dans la profession.

Pour parvenir à cette performance, GFC a bénéficié de l'aide du promoteur du chantier de Meyzieu, le bailleur social Alliade. « Intéressé par notre politique de féminisation, il s'est lui-même engagé à trouver un logement aux femmes recrutées qui en feraient la demande », explique Xavier de Beaulaincourt, responsable des ressources humaines de GFC Construction. C'est déjà le cas pour deux d'entre elles.

Visite de chantier décisive

Un autre chantier, situé à la Croix-Rousse (Lyon 4e), compte, lui, 4 femmes parmi ses 30 ouvriers. Les deux équipes féminines ont suivi le même parcours de recrutement-formation. Adressées à GFC Construction soit par l'ANPE, soit par Adecco, elles ont d'abord été invitées à participer à une réunion d'information collective, puis à une visite de chantier. Parmi les dizaines de femmes contactées, l'engouement n'a pas été total... « Lors de la réunion d'octobre, il y avait 50 participantes, indique, à titre d'exemple, Xavier de Beaulaincourt. Il n'en restait plus que 25 à l'issue de celle-ci, plus que 10 lors de la visite du chantier, et seulement 2 ensuite... » Dont Claudie, qui témoigne : « Il faisait froid quand nous avons visité le chantier. Les autres disaient que c'était trop dur. » Issue du secteur de l'animation, où elle faisait « trop jeune pour décrocher un poste de direction », cette nouvelle recrue a d'abord « songé à un canular » quand l'ANPE lui a proposé ce recrutement. Puis, très rapidement, elle s'est prise de passion pour ce métier « polyvalent, d'extérieur, qui [lui] donne une sensation de liberté ».

Recrutement par simulation

Suite du parcours : un test MRS (méthode de recrutement par simulation) à l'ANPE, un entretien individuel chez le constructeur et, enfin, une EMT (évaluation en milieu de travail) d'une semaine sur un des chantiers. Après un Cared (contrat d'aide au retour à l'emploi durable, mis en place par la région) avec formation de huit semaines à l'Afpa, les jeunes recrues sont, aujourd'hui, en contrat de professionalisation jusqu'au 5 septembre 2008, date à laquelle elles seront enfin intégrées en CDI. Actuellement, les neuf femmes des chantiers de Meyzieu et de la Croix-Rousse alternent travail sur site et formation à l'Afpa de Saint-Priest, où elles préparent un titre professionnel de «coffreuse bancheuse option bâtiment».

Cet accompagnement intensif est doublé d'un effort porté sur les chantiers eux-mêmes : « Nous avons nos propres bungalows, avec toilettes, vestiaires, douches et coin cuisine », décrit Leila, qui a quitté les horaires hachés de la restauration pour ce métier au salaire jugé attractif : « 1 200 euros net/mois pendant le contrat de professionalisation », plus 13e mois.

La pénibilité est, quant à elle, allégée au maximum par le recours à de nouveaux outils ou matériaux, tels que l'Aglopolys : « Des moellons en polystyrène dans lesquels on coule du béton, explique Claudie. Ce n'est pas lourd. On peut porter une palette à deux bras ! » Voilà qui rassurera ses parents : « S'ils sont fiers de moi maintenant, sourit-elle, l'annonce de mon choix a d'abord été un choc pour eux... Ils me disaient : c'est dangereux, ça fait mal au dos !. »

«Les talents hauts du BTP»

Placée sous la responsabilité d'un tuteur, chaque ouvrière a reçu un livret de suivi qui permet d'informer le formateur et le tuteur des tâches et des progrès accomplis.

D'abord limitée au chantier de Meyzieu, la démarche commune avec Alliade, baptisée «Les talents hauts du BTP», est à présent diffusée dans tout GFC Construction. « Notre objectif est d'avoir, avant la fin 2008, au moins cinq femmes compagnons [terme en vigueur chez Bouygues pour désigner un ouvrier] dans chacune de nos quatre régions : Languedoc-Roussillon, Paca, Rhône-Alpes et Auvergne », annonce Xavier de Beaulaincourt.

Un objectif courageux compte tenu des freins qui subsistent dans les mentalités. Y compris chez les employeurs : tailleur de pierre de formation, Tania, l'une des recrues de la Croix-Rousse, avait dû s'inscrire à l'ANPE après son tour de France, alors que deux patrons lyonnais venaient de lui signifier clairement « qu'ils ne voulaient pas de femmes dans l'entreprise »...

L'essentiel

1 Pour ouvrir une nouvelle source de recrutement et aller dans le sens de la charte de la diversité, GFC a mis en place une démarche de féminisation de ses chantiers.

2 Les femmes embauchées suivent toutes le même parcours de recrutement-formation.

3 Mais, de nombreux freins subsistent encore dans les mentalités.