E & C : Comment se manifestent les risques psychosociaux en entreprise ?

P. L. : Le travail a pendant longtemps contraint le corps, aujourd'hui, il contraint le psychisme. La pression des délais, de la performance, mais aussi l'activation de nos émotions en raison des objectifs à atteindre, la joie de réussir, la peur d'échouer... constituent autant de sollicitations que le cerveau doit, de nos jours, supporter... L'impact du monde du travail sur l'individu est devenu psychique. C'est ainsi que l'exposition au stress est entrée parmi les risques majeurs.

E & C : Quelle est, selon vous, l'urgence ?

P. L. : Faire de ce thème, dont les enjeux sont humains, économiques, juridiques, un vrai sujet. L'Etat doit inciter à la reconnaissance des risques psychosociaux, développer une sensibilisation au sujet, accroître l'expertise et le rôle préventif des acteurs de l'entreprise - managers, DRH, médecine du travail, CHSCT.

E & C : Vous avez étudié l'apport des expériences étrangères, pouvez-vous nous en donner un exemple ?

P. L. : Sur le consensus des partenaires sociaux, l'exemple du Québec nous semble intéressant ; sur la mesure du stress, les pays nordiques sont en pointe. Enfin, la Grande-Bretagne est un modèle dans le domaine de l'accession à l'information. Le Health Safety Executive a conçu un portail afin d'inciter à prévenir les risques psychosociaux. Ce site Internet (hse.gov.uk) a deux accès. L'un, pour les salariés : ils y trouvent, notamment, l'information sur les droits, la description des effets pour la santé ; l'autre, pour les entreprises : il leur permet d'avoir accès à des informations sur les indicateurs du stress par secteurs économiques, aux définitions des standards et références permettant de le mesurer et à des exemples de bonnes pratiques pour en corriger les effets. Ce site joue le rôle de conseiller en ressources humaines, tant pour les grandes entreprises que pour les TPE-PME.