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Connais-toi toi-même

Enjeux | Chronique de Meryem Le Saget | publié le : 11.03.2008 |

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Connais-toi toi-même

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« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux », nous dit cette inscription célèbre gravée sur le temple de Delphes. Mais le parcours pour y parvenir est jalonné de paradoxes.

Tout d'abord, alors que nous sommes la personne la plus proche de nous-même, il est très rare d'avoir «l'expérience directe» de soi. Cela demande des niveaux d'évolution qui ne sont pas courants. Nous passons donc par le biais habituel : une représentation mentale, une image de qui nous sommes avec certains attributs, des qualités et des défauts. On s'identifie à cette image et l'on pense « ça, c'est moi, c'est qui je suis ». Mais ce n'est qu'une image...

Fait troublant, les autres ont rarement la même image que soi. C'est contrariant. Ils nous prêtent des traits de caractère, des qualités et des défauts qui ne sont pas totalement ceux que l'on s'attribue. Quand ils nous voient en mieux, cela nous met du baume au coeur, mais, intérieurement, nous savons bien qu'ils nous surestiment. A l'inverse, si leur opinion est sans concession, on pense qu'ils ne nous connaissent pas bien. Parfois, le doute nous assaille : et s'ils avaient raison ? Et s'ils nous renvoyaient une image plus juste que celle que l'on entretient soi-même ? Comme nous ne pouvons pas à la fois agir et nous observer de l'extérieur, nous n'avons aucune preuve tangible de ce qu'ils avancent. Allez donc trouver la vérité au milieu de ce dédale !

Troisième étonnement : nous mettons des années à nous construire une image de nous-même, mais elle est vite dépassée. Notre personne est sans cesse en évolution, et pourtant nous continuons de nous définir par des attributs ou étiquettes qui datent un peu. On était baroudeur ou sportif il y a dix ans, mais ce n'est plus le cas. On avait du courage et de l'audace, on s'adaptait facilement au changement, mais ce n'est plus vrai. On avait des rêves de liberté, on s'était juré de ne pas se laisser prendre par le système, or on s'y retrouve immergé du matin au soir. A l'opposé, on a acquis de nouvelles aptitudes : on a développé de l'expérience, on comprend mieux les situations, on pique moins de colères, on a davantage confiance en ses capacités, on est en route vers de nouveaux projets. La solidité personnelle commence quand on accepte de se voir tel que l'on est aujourd'hui, sans les fioritures du souvenir ou de l'imagination. Pas de doute, il serait utile de «rafraîchir» l'image.

De nombreuses approches peuvent nous y aider : un peu de recul personnel et de silence pour faire le point, travailler avec un coach, faire une évaluation à 360° ou un bilan de compétences, suivre un stage de connaissance de soi, et, d'une manière générale, recueillir le feed-back des autres. Non pour se mettre sous tutelle, mais pour mieux nourrir son exploration intérieure. La solidité commence en réunissant les éléments qui permettent de mieux se connaître. Elle se poursuit en s'affranchissant du regard d'autrui pour oser être pleinement soi-même.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>