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Les pratiques

Pologne Le casse-tête de l'inflation salariale

Les pratiques | publié le : 04.03.2008 |

L'énorme inflation salariale en Pologne dans certains secteurs menace la paix sociale et la productivité du pays. Les entreprises et leurs DRH devront combler les pénuries de compétences pour y résister.

En Pologne, les salaires flambent ! Surtout dans les branches d'activité les plus dynamiques, comme le bâtiment, l'informatique, le commerce. Depuis 2004, attirés par de meilleurs salaires, 2 millions de Polonais se sont expatriés vers les pays de l'Europe de l'Ouest. Conséquences : un manque de main-d'oeuvre sans précédent dans tout le pays et, pour pallier cette crise, des hausses de salaires, elles aussi sans précédent. En 2007, dans de nombreuses entreprises, ces hausses se sont échelonnées entre 17 % et 40 % !

« En informatique, pour un premier emploi, nous payons 1 300 euros par mois, explique Grégoire Nitot, le patron d'une PME française (90 salariés) installée en Pologne depuis deux ans. Après deux ans d'ancienneté, c'est 2 250 euros, soit 1 400 euros de plus que le salaire moyen national. Après six ans, un chef de projet gagne 4 000 euros. Peu à peu, nous sommes en train de nous aligner sur les salaires européens. » Chefs d'entreprise, DRH, économistes s'inquiètent : comment gérer cette situation... que personne n'avait prévue ?

Difficultés aussi pour le gouvernement : aujourd'hui, les salariés du secteur public (douaniers, cheminots, enseignants, infirmières, etc.) exigent un rattrapage de leurs salaires par rapport à ceux du privé. L'Etat devrait, pour ce faire, tripler les traitements.

Demandes de négociation globale

« Depuis trois ou quatre ans parfois, dans certaines entreprises publiques, il n'y a pas eu d'augmentations », signale Miroslaw Nowicki, de Solidarité. Aujourd'hui, tous les syndicats réclament une négociation globale pour l'augmentation des salaires et des retraites dans tout le secteur public. « Nous voulons un calendrier de négociations avec le gouvernement. Nous voulons un véritable dialogue, d'autant que la croissance a atteint 6 % en 2007, ajoute-t-il. Si le gouvernement refuse, le printemps risque d'être chaud. »

Economie en danger

Aujourd'hui, le dossier domine l'actualité sociale. « La situation commence à être dangereuse pour notre économie, parce que la productivité du travail augmente beaucoup plus lentement que les salaires, constate l'économiste Jan Rutkowski. Et nous avons déjà les premiers signes de ralentissement de la croissance. Si les entreprises sont obligées d'augmenter les salaires et les prix, l'inflation (4,3 %) échappera à tous les contrôles. »

Sans doute, les DRH sont-ils les premiers à réaliser les difficultés et les risques de la situation.

Une concurence de plus en plus rude

« Le plus grand défi pour 2008 sera de renforcer et d'accélérer la formation des salariés pouvant remplacer ceux qui émigrent à l'étranger. Il faut s'attendre à une concurrence de plus en plus rude pour trouver des cadres et des employés qui ont les compétences dont manque le marché du travail », affirme Jacek Kallaur, responsable RH à TPSA (télécommunications).

Et la crise risque de continuer. Selon une enquête de la prestigieuse Ecole supérieure de commerce de Varsovie, directeurs et DRH de 400 grandes entreprises annoncent qu'en 2008, ils envisagent d'augmenter les salaires de 14 %.