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Enquête

Confidences sur la réforme

Enquête | publié le : 04.03.2008 |

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Confidences sur la réforme

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DRH, RF, consultants, directeur d'Opca, universitaires... ont accepté de livrer leurs points de vue sur la possible réforme de la formation. Premier volet de ces confidences.

Nécessaire ou inutile ? Technicienne ou pétrie d'arrière-pensées politiques ? La tension monte autour des bruits de réforme de la formation professionnelle.

L'énervement aussi. Comme celui de ce haut représentant patronal qui nous demande l'anonymat sur ses propos tant il enrage devant une affaire qu'il juge engagée de mauvaise foi : « L'Etat aligne les clichés depuis six mois ! Les 26 milliards de la formation professionnelle ? C'est une pure construction consolidant des financements et des responsabilités très différents : entreprises, régions, Etat, salariés, chômeurs... Qui a la responsabilité de quoi ? Pourquoi s'acharne-t-on sur les manquements de la formation professionnelle «deuxième chance», alors qu'on s'interroge si peu sur l'échec de la formation initiale «première chance» ? Les 150 000 jeunes qui sortent quasi illettrés de l'école tous les ans, c'est la faute des entreprises ? Que 50 % du budget formation des chômeurs ne soit pas consommés, c'est la faute des partenaires sociaux et des Opca ? Qui pilote ? Qui copilote ? Qui paie ? Rénovons la formation initiale. Que l'Etat s'occupe vraiment des chômeurs. Laissons aux entreprises, aux branches, aux partenaires sociaux et aux Opca la responsabilité de l'employabilité et de la professionnalisation des salariés ! Car c'est cela le véritable enjeu de la réforme de 2004 : la professionnalisation des salariés ; le DIF et sa transférabilité ne sont qu'un épiphénomène. Mais qui, parmi ceux qui parlent depuis la publication du rapport sénatorial en juin 2007, s'interroge vraiment sur ce qu'est la construction d'une professionnalisation ? ».

Il va de soi que, pour ce responsable patronal, une réforme de la réforme n'a aucun lieu d'être, sauf sur un point : « Je mettrais bien fin à l'obligation fiscale, mais je crois qu'elle est insupprimable »...

Recentralisation

Autres acteurs énervés : les régions. « Il est scandaleux de constater que le rôle des collectivités territoriales est sousestimé et déprécié au regard des lois et des actions publiques déjà mises en oeuvre », indiquait, au début de février, Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional Rhône-Alpes, au nom de l'Association des régions de France. « La fièvre actuelle de concentration au profit des ministères et des administrations publiques va à l'encontre d'une organisation efficace de la formation professionnelle. Sous couvert de réforme, la France est en train de prôner une recentralisation », assenait-il. « Imaginer créer un fonds régional de sécurisation des parcours professionnels dans lequel l'Etat déciderait de l'utilisation des fonds serait une reprise en main inacceptable », ajoutait Jean-Paul Denanot, président de la région Limousin.

Manque de confiance

En fait, entre gouvernement (Elysée, DGEFP), partenaires sociaux et régions, la formation professionnelle est l'objet d'un (en) jeu où la confiance ne passe pas, et la réflexion manque de sérénité. Viendra-t-elle des travaux du Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) qui se réunira à la mi-mars ? A voir. En attendant, nous avons questionné des DRH, des RF, des consultants, des directeurs d'Opca, des universitaires... sur trois points : la défiscalisation, la transférabilité du DIF et les politiques de proximité des Opca. Et ils ont des choses à dire.

L'essentiel

1 L'aspect fiscal de l'obligation légale de formation continue pourrait être supprimé.

2 Le financement de la transférabilité du DIF pose encore problème.

3 Le nombre d'Opca, et leurs offres de services pourraient être sévèrement restructurés.

«Devoir individuel de professionnalisation»

« Et si la solution était de créer un «Devoir individuel de professionnalisation» ?, s'interroge un représentant patronal. Ce DIP serait alimenté par le 0,2 % CIF et par un 0,1 % apporté par le salarié. Le tout serait géré par des Fongedip régionaux dans des comptes individuels abondés au besoin par l'Etat, les régions... Les salariés cofinancent bien leur santé, leur retraite ; pourquoi ne participeraient-ils pas financièrement à l'entretien de leur cerveau ? »

Cette idée n'est pas très éloignée de la conclusion d'un rapport de l'Igas, qui propose de lier DIF et CIF pour créer une «assurance individuelle formation» (lire Entreprise & Carrières n° 894).