Cette année, Casino Supermarchés étend à ses 280 magasins le dispositif Cap prévention, qui mise sur l'écoute des salariés pour limiter les risques professionnels. L'an passé, il était testé dans 20 établissements de la région marseillaise. En 2004, ces derniers avaient enregistré, selon la Cram Sud-Est, des taux d'accidents supérieurs de trois points à la moyenne nationale de la branche supermarchés du secteur de la grande distribution*. « Nos contrôleurs rapportaient aussi la difficulté des directeurs à faire appliquer les consignes de prévention », relève Vincent Baud, ingénieur-conseil à la Cram, aujourd'hui référent national pour la grande distribution.

Fin 2005, à l'invitation de la Cram, Casino Supermarchés décide de former ses vingt directeurs marseillais et certains managers à questionner et à écouter leurs salariés sur les risques professionnels. « Le plus beau document unique ne remplacera pas l'écoute, remarque Régis Nachtergaele, responsable juridique et social de Casino Supermarchés. Elle permet au dirigeant de mieux s'approprier le terrain, et au salarié de s'approprier la prévention. » Pour Frédéric Dunand, l'un des premiers directeurs impliqués, il a fallu « changer de regard pour comprendre, par exemple, que pour un boucher, un couteau défectueux peut être plus dangereux qu'une armoire électrique mal fermée ».

Assurée par la Cram, l'action-formation «100 % managériale» de Casino Supermarchés alternait jours de formation et travail de terrain : information des équipes, témoignages (en groupe ou en individuel), recensement et cotation des risques, évaluation des priorités et, enfin, construction d'un plan de prévention pour l'année à venir... « Ce plan listait les mesures les plus importantes, souligne Régis Nachtergaele. Mais quand il fallait juste boucher un trou ou acheter un vêtement de protection, les directeurs agissaient tout de suite, ce qui a donné de la crédibilité à la démarche. »

Les équipes, qui avaient été sensibilisées par une campagne d'affichage sur la prévention, ont très bien accueilli l'action. L'indice du taux de fréquence des accidents a baissé de 30 % en 2006, tandis que l'entreprise a gagné 3 500 heures d'arrêt de travail en janvier 2007 par rapport à janvier 2006. Le grand succès de Cap prévention est son extension à l'ensemble des points de vente. La Cram, qui avait assuré les premières sessions marseillaises, a laissé la place à un organisme de formation privé. Autre action d'envergure nationale : la charte, signée en juin dernier entre la Cnamts et Casino Supermarchés, qui engage l'enseigne à respecter des critères techniques de sécurité lors de la création ou de la rénovation d'un magasin.

* En 2005, Casino Supermarchés a enregistré 740 accidents du travail, représentant 4,2 millions d'euros en coûts directs et des coûts indirects estimés à trois fois ce montant.