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Enquête

« Les sociétés d'outplacement n'ont pas bonne presse »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 01.05.2007 | A. B.

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« Les sociétés d'outplacement n'ont pas bonne presse »

Crédit photo A. B.

E & C : D'après une étude que vous avez publiée en 2005 (2), le reclassement n'est pas efficace, moins d'un salarié licencié sur deux parvenant à renouer avec un emploi stable au terme de la cellule de reclassement. Pourquoi de si faibles performances ?

C. T. : La première raison est culturelle. La question du reclassement des licenciés pour motif économique est relativement récente, en France, tant la logique des préretraites ou du chèque-valise a, jusqu'ici, dominé. Or, ces dispositifs sont coûteux. Dans un même temps, l'idée d'inverser la tendance, de privilégier les dépenses actives du chômage commence à s'imposer au milieu des années 1980. Ainsi, les mesures dites passives doivent laisser la place au reclassement des salariés licenciés.

La création du congé de reclassement, en 1985, marque ainsi la fin d'une époque. Ce dispositif traduit, dans les textes, la volonté de substituer à l'accompagnement social une gestion plus active de cette phase de transition. Mais les sociétés d'outplacement n'ont pas bonne presse. Cette perte de crédit, liée au mécontentement croissant des salariés et des organisations syndicales, les conduit à manifester souvent une préférence pour les mesures passives (primes extra-légales) se substituant à un reclassement jugé improbable. D'où une désaffection importante : moins d'un licencié sur deux adhère à une cellule de reconversion.

E & C : Comment améliorer le dispositif ? Faut-il un label ?

C. T. : Aucun dispositif de reclassement se déroulant sur six à huit mois ne peut faire des miracles. Mais, en amont, l'entreprise doit participer via sa GPEC à maintenir l'employabilité des salariés.

Par ailleurs, cette phase de reclassement doit être plus intégrée en amont, dans l'entreprise, avec les salariés et les organisations syndicales. Le rôle des syndicats ne doit pas se limiter à une simple consultation, mais intervenir, par exemple, dans le choix des prestataires, voire dans l'animation de la cellule de reclassement, comme ce fut le cas chez Moulinex, à Alençon. En aval, il faut que la cellule puisse être mieux ancrée dans le territoire et travailler aux côtés des missions locales, des CCI, de l'ANPE ou encore de l'Afpa. Mais ce n'est pas une nouvelle procédure qui permettra de créer une dynamique de coopération entre les acteurs. Il est nécessaire, au préalable, de rassurer les salariés sur la qualité des prestations afin de renforcer leur adhésion : durée de l'accompagnement, profil des consultants, méthodes de travail, services mobilisés...

(1) Institut de recherches économiques et sociales.

(2) Le reclassement des salariés licenciés pour motif économique : responsabilité sociale de l'entreprise ou de la collectivité publique, Revue de l'Ires, n°47, 2005.

Auteur

  • A. B.