logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Dossier

L'arrivée fracassante du CV vidéo

Dossier | publié le : 24.04.2007 | Marie-Pierre Vega

Image

L'arrivée fracassante du CV vidéo

Crédit photo Marie-Pierre Vega

Depuis quelques mois, la vidéo fait son entrée dans les processus de recrutement. Plusieurs sociétés se sont positionnées sur ce marché. Elles proposent surtout de recourir à des CV vidéo. D'autres offrent aussi la possibilité de réaliser des entretiens d'embauche en visioconférence.

Un PC équipé de Windows, version XP de préférence, une webcam, une connexion Internet en haut-débit et un logiciel de création vidéo : il n'en faut pas plus pour présenter son expérience professionnelle et adresser sa prestation filmée à des recruteurs.

Pour un rendu plus professionnel, on peut s'en remettre aux entreprises qui proposent ce service à distance. Job Strategy, une société spécialisée dans le conseil en rédaction de CV, a été la première à se lancer en 1999. Sur le site cvlive.com, le candidat crée son CV vidéo assorti d'un CV écrit saisi sous un logiciel de traitement de texte. Pour 29,90 euros, le tout est hébergé sur le serveur de Job Strategy, et consultable via un lien URL que le demandeur d'emploi adresse aux entreprises auxquelles il propose sa candidature. Le site donne quelques conseils gratuits pour réussir sa prestation. Pour un véritable coaching à distance, bientôt disponible, il faudra débourser entre 199 à 299 euros TTC.

Hausse des demandes

Selon Gilles Dagorn, le fondateur, « plusieurs centaines de personnes ont testé le CV vidéo depuis le début de l'année, sans forcément transformer l'essai. Mais le nombre d'utilisateurs facturés progresse de manière encourageante ».

CV vidéothèque

Chez Jobinlive, l'enregistrement du CV vidéo ne se fait pas chez soi avec une webcam, mais sur des salons emploi, sur le stand de cette société marseillaise créée il y a un an. 2 500 CV ont déjà été filmés. Ils sont stockés dans un CV vidéothèque que l'entreprise peut consulter à loisir pour 50 euros par mois par utilisateur. Depuis quelques semaines, les candidats peuvent aussi se rendre dans les locaux de partenaires équipés en matériel vidéo. Pour l'instant, le réseau comporte 42 points d'enregistrement baptisés job centers. « Nous en compterons 150 d'ici à la fin de l'année, indique Thomas de Williencourt, directeur général de cette société marseillaise. Ils sont implantés dans des structures diverses : cité des métiers, espaces emploi de cybercafés, cabinets de recrutement, agences d'intérim... » Jobinlive travaille aussi avec des institutions comme Cap emploi, la chambre de commerce de Marseille Provence ou l'Afpa. Des discussions sont en cours avec des ANPE.

Pas de webcam à la maison non plus pour Easyjob, la marque de vidéo recrutement lancée par Tempo, un cabinet de recrutement qui travaille uniquement pour des sociétés d'informatique de gestion. Pour créer son CV vidéo, le candidat doit se rendre dans un studio d'enregistrement à Neuilly-sur-Seine. Facturé 55 euros TTC, le produit final est constitué d'une vidéo de trois minutes, durée moyenne classique d'un CV vidéo, et d'un CV écrit anonyme. Il est hébergé pendant six mois sur le serveur d'Easyjob. « Nous en avons réalisé une centaine pour nos clients habituels. Mais les informaticiens, qui n'ont pas de difficultés à trouver un poste, n'acceptent pas toujours de se plier à cette contrainte imposée par les recruteurs. Aussi nous cherchons d'autres clients », explique la gérante Stéphanie Marlasca. Easyjob prospecte les secteurs d'activité « où l'image compte ». « Mais notre objectif majeur reste les intermédiaires de l'emploi, poursuit la gérante. Nous sommes bien avancés dans nos discussions avec des divisions de groupe d'intérim. »

Commercialisation des prestations

C'est évidemment sur les entreprises que comptent ces prestataires pour rentabiliser leur investissement. Jobinlive vient ainsi de commercialiser une prestation de visioconférence, qui permet de faire passer des entretiens d'embauche à distance. Le candidat doit être équipé d'une webcam et d'une liaison haut-débit ou se rendre dans l'un des job centers. L'entretien peut aussi être enregistré pour être présenté aux collaborateurs impliqués dans le recrutement. Job Strategy vient aussi de lancer son offre pour les entreprises. « Pour un abonnement mensuel de 900 euros TTC, une entreprise peut proposer aux candidats d'enregistrer et de déposer un CV vidéo sur son site Internet de recrutement en utilisant notre technologie. Pour ce prix, elle peut recevoir jusqu'à un millier de CV vidéo par mois. » Job Strategy, qui est en négociation avec plusieurs grandes entreprises et des sites emploi, complètera bientôt cette offre avec un service de «visioRH». L'outil, qui permettra de réaliser des entretiens de recrutement à distance, est en cours de dimensionnement de manière à supporter plus de 10 entretiens en simultané.

Bel avenir

Pour les acteurs de ce marché naissant, la vidéo a un avenir radieux dans le processus de recrutement. « Souvent, quand un recruteur voit enfin le candidat dont il a lu le CV, puis qu'il a eu au téléphone, il sait dans les trois premières minutes que ce n'est pas la bonne personne. La vidéo évite de perdre du temps », explique Thomas de Williencourt, de Jobinlive. Mais le CV vidéo ne risque-t-il pas de favoriser une discrimination à l'embauche ? « Ni plus ni moins qu'un entretien en face à face », affirme Gilles Dagorn, de Job Strategy.

Auteur

  • Marie-Pierre Vega