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La Mie Câline investit dans l'ergonomie

Les Pratiques | Point fort | publié le : 10.04.2007 | Violette Queuniet

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La Mie Câline investit dans l'ergonomie

Crédit photo Violette Queuniet

La PME vendéenne a profité d'un projet d'investissement technique pour améliorer les conditions de travail en y associant ses opérateurs.

PME de 240 salariés installée à Saint-Jean-de-Monts, en Vendée, La Mie Câline est spécialisée dans la fabrication de pains, viennoiseries, pâtisseries et produits traiteurs destinés pour l'essentiel à son réseau de 150 magasins franchisés. Ces produits sont livrés en surgelés dans les magasins. Pour les opérateurs chargés de la préparation des commandes, cela signifie travailler par une température de - 20° et manipuler 7 à 8 tonnes de produits par jour.

En 2004, l'entreprise sollicite l'Aract (Association régionale pour l'amélioration des conditions de travail) des Pays de la Loire pour établir un diagnostic sur les conditions de travail. Celui-ci pointe des délais très courts d'exécution du travail qui génèrent du stress et des risques d'accident. En effet, faute d'espace de stockage suffisant, chaque commande doit être expédiée en un quart d'heure maximum et les préparateurs croisent les gestionnaires de stocks dans un sas trop étroit, avec risques de collision à la clé. Points positifs : l'ambiance est bonne, grâce à un management axé sur la souplesse, aucun accident de travail n'est pour l'instant à signaler, ni absentéisme.

Investissement

Ce diagnostic n'est pas immédiatement suivi d'une action. « Nous avions une contrainte d'espace et de volume qui rendait les améliorations ergonomiques compliquées, à moins d'investir », indique Sébastien Longépé, responsable industriel de La Mie Câline. Heureusement, l'entreprise connaît une forte croissance qui la conduit à agrandir sa plate-forme d'expédition en 2006. « Cet investissement était l'occasion d'améliorer les conditions de travail, et nous avons donc demandé à l'Aract de nous accompagner dans la mise en oeuvre de la plate-forme. »

Deux groupes de réflexion

Deux groupes de travail sont constitués, l'un composé de membres de l'équipe préparation de commandes, l'autre de membres de l'équipe gestion des stocks. Cinq réunions étalées sur quelques mois - dont deux rassemblant les deux équipes - permettent aux opérateurs de terrain et à leurs responsables d'apporter eux-mêmes des solutions. Parmi les actions réalisées à l'initiative des groupes : un rapprochement des produits plus lourds et à forte rotation de la zone d'expédition ; une optimisation de la «palettisation» en respectant les charges pour les opérateurs ; la redéfinition des emplacements en fonction des charges sur les rolls (chariots).

Le grand changement a concerné les horaires de travail, avec la création de deux équipes de préparation de commande, l'une de nuit (21 heures - 5 heures), l'autre de jour (5 heures - 13 heures), avec une rotation. L'embauche à 5 heures - au lieu de 4 heures précédemment - répond à une préconisation de l'Aract, cet horaire étant plus acceptable pour la santé. Côté gestion des stocks, l'équipe travaille à présent de 10 heures à 17 heures au lieu de 4 heures-12 heures, car la capacité de stockage a triplé, permettant ainsi de stocker les commandes un jour avant l'expédition.

Une logique de compromis

« Aujourd'hui, on revit », s'exclame Franck Bonnet, responsable de l'équipe de gestion des stocks, qui souligne tout l'intérêt des groupes de travail. « S'ils n'avaient pas été associés, les gars du terrain se seraient sentis rejetés et beaucoup de petites choses importantes pour eux seraient passées à la trappe. » Toutes les suggestions des groupes n'ont pas encore été réalisées. Il faudrait, par exemple, monter à 1,90 m le niveau de la première palette de stockage - au lieu de 1,40 m - pour éviter que les opérateurs se baissent. « Si on le fait, on enlève 100 palettes, il y a donc un choix économique à faire », admet Sébastien Longépé.

« L'entreprise a adopté une logique de compromis et de transparence qui a favorisé l'appropriation de la nouvelle plate-forme par les opérateurs », observe Ludovic Bugand, chargé de mission à l'Aract des Pays de la Loire. L'appui de l'Aract a été pris en charge par la Direction régionale de l'agriculture et de la forêt (DRAF) et le conseil régional dans le cadre du projet « Ergo-Conception ». Son objectif est de proposer un appui méthodologique aux PME/PMI agroalimentaires de moins de 250 salariés pour intégrer efficacement les conditions de travail dans leurs projets industriels.

L'essentiel

1 En 2004, un premier diagnostic met en avant des conditions de travail génératrices de stress et de risques d'accident pour les préparateurs de commande de La Mie Câline. Il n'est pas suivi d'effets immédiats.

2 Deux ans plus tard, la PME vendéenne entame, avec l'Aract Pays de la Loire, un projet d'amélioration des conditions de travail suite à un agrandissement de sa plate-forme d'expédition. Les opérateurs ont été force de proposition.

3 L'intervention de l'Aract a été prise en charge par la Direction régionale de l'agriculture et de la forêt (Draf) et le conseil régional dans le cadre du projet «Ergo-Conception» pour les PME-PMI de l'agroalimentaire.

Auteur

  • Violette Queuniet