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Ces entreprises qui font le choixdu e-learning

Dossier | publié le : 10.04.2007 | Laurent Gérard

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Ces entreprises qui font le choixdu e-learning

Crédit photo Laurent Gérard

Paradoxe du e-learning : les entreprises y ont de plus en plus recours, du fait de l'urgence des chantiers de formation et de la baisse du coût des produits. Mais l'évaluation de l'efficience des opérations e-learning est encore bien lacunaire.

Le e-learning se banalise. Il s'applique à des domaines aussi variés que surprenants : la doctrine judiciaire et fiscale des experts-comptables ; l'utilisation des micronutriments et l'hygiène de l'allaitement dans les pays sous-développés ; la lutte contre la grippe aviaire auprès des expatriés... Si les grandes entreprises, privées ou parapubliques, l'ont largement adopté, et dans tous les domaines, d'autres acteurs économiques, pas toujours renommés pour leur modernisme, utilisent aussi cette modalité pédagogique.

Ainsi, la délégation Rhône-Alpes Lyon du Centre national de la fonction publique territoriale a conçu et testé un dispositif e-learning mixte, sur le management public territorial, qui sera prochainement mis à disposition de l'ensemble des collectivités. De son côté, l'Unedic met également en oeuvre la formation ouverte et à distance pour les aspects techniques de ses métiers et fonctions, avec l'intention de ne plus enseigner en présentiel, ce qui sera désormais possible via le e-learning. La Banque de France, elle, a doublé le nombre de ses salariés formés à la cotation des entreprises grâce à un outil de e-learning sur mesure.

Souplesse et faible coût

Les arguments de souplesse et de faible coût, fréquemment annoncés pour vendre le e-learning, sont, par ailleurs, parfaitement illustrés par la Fédération nationale des agents commerciaux, qui met à disposition des 25 000 agents de la profession une gamme de modules de formation en ligne, et qui parvient ainsi à sensibiliser à la formation une population pourtant commerciale, nomade, et à statut d'indépendant.

Forcément, parallèlement aux consommateurs et aux prescripteurs de e-learning, les prestataires de cette offre pédagogique témoignent de la vigueur d'un marché retrouvé depuis un an-un an et demi. « Notre chiffre d'affaires a doublé à chaque fois sur les deux dernières années », assure Maxime Vauthier, chef de projet chez Onlineformapro.

Meilleur niveau d'expertise

« Nous avons réalisé plus 25 % en 2006, constate Gérard Crépel, responsable des éditions ENI. Mais, surtout, on s'aperçoit que le niveau d'expertise de nos interlocuteurs est bien meilleur, et on voit arriver de nouveaux clients sur le e-learning, surtout des PME de taille intermédiaire et importante. »

« Le regain du marché est réel, commente, de son côté, Jean-Vincent Voyer, responsable d'Amplitudes. En ce moment, nous avons en parallèle six applications en chantier, dont cinq pour des nouveaux venus au e-learning. Cela ne nous est jamais arrivé. » Mêmes déclarations chez Demos, Smartcanal, Syfadis... rencontrés au iLearning forum, en janvier dernier.

Mixité pédagogique

Autre témoignage de regain : pour ne pas laisser la place libre aux seuls prestataires privés cités ci-dessus, les établissements de l'enseignement supérieur public ont réuni, le 23 mars dernier, des Opca et des commanditaires potentiels pour faire mieux connaître leur offre de formation ouverte et à distance. Ronan Chabauty, président de la Fied (Fédération interuniversitaire de l'enseignement à distance), estime, en effet, que le développement de la formation tout au long de la vie, l'augmentation du nombre d'étudiants salariés en formation initiale, l'introduction de la norme européenne LMD (licence/master/doctorat), la diversification des parcours via la VAE, ainsi que la montée en puissance de l'Internet et autres multimédias appellent la mixité des formes pédagogiques.

« Tout concourt à ce que l'enseignement à distance, notamment via Internet, soit une alternative totale ou partielle à l'enseignement dans les locaux de l'université, qu'elle concerne un public sans cesse croissant et qu'elle prenne une place stratégique », assure le président de la Fied.

Preuve de l'efficience

Reste un paradoxe : si les entreprises ont davantage recours au e-learning, son évaluation reste encore bien lacunaire. Rares, en effet, sont celles ayant une idée précise sur ce point. En réalité, malgré les discours de justification sur les effets de rationalisation financière et pédagogique, la recherche de la preuve de l'efficience du e-learning n'est pas vraiment menée. « C'est moins cher si le système est pérenne : il évite le coût du salaire du salarié en formation classique. Mais est-ce aussi efficace ? », se demande Claude Lépineux, d'Algora. Peu d'entreprises se posent la question.

L'essentiel

1 L'usage du e-learning se banalise et intervient sur des thématiques pédagogiques de plus en plus variées. La baisse du coût des produits et des solutions l'explique en partie.

2 Après une période de tourmente, les prestataires de e-learning témoignent, eux aussi, d'un regain d'activité.

3 Peu d'entreprises pourtant se posent véritablement la question de l'efficience pédagogique du e-learning, au-delà des supposées économies de temps et de salaires des personnes en formation. Cela fera peut-être l'objet de futurs chantiers.

Auteur

  • Laurent Gérard