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Le manager de l'Univers

Demain | Chronique | publié le : 03.04.2007 | De meryem Le Saget

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Le manager de l'Univers

Crédit photo De meryem Le Saget

Celui-là se sent obligé d'intervenir dans de nombreuses situations et de prendre tous les fardeaux sur ses épaules. Dans un groupe, il donne spontanément son avis, veut savoir ce qui se passe, organise, trouve des solutions. Chez lui, il assume la vie familiale, résout les problèmes, prend des décisions. Au bureau, il donne des conseils, critique les méthodes qui ne lui semblent pas adaptées, souhaite que ça avance mieux ou plus vite. En fait, il aime aider et se sentir utile. Il pense également que les autres ont besoin de lui et même comptent sur lui. Seuls, ils ne pourraient pas s'en sortir, ou ce serait vraiment difficile. Par chance, il est là pour prendre la situation en main. Quand il néglige de le faire ou qu'il est épuisé, il s'en veut. Il se rend coupable de laisser les autres se débrouiller. Il n'a pas le droit de laisser tomber son entourage. Certains jours, pourtant, il ressent comme un petit «coup de mou». Il en a gros sur le coeur d'être celui (ou celle) qui assume toujours. Si seulement les autres prenaient en charge leur part de responsabilité...

Trop responsable, trop présent, trop serviable, trop solide, trop «roue de secours» pour les autres, trop contrôlant, trop de tout, en fait. Comme s'il était en charge de gérer l'univers. Comment sortir du piège de la surresponsabilité ? Comment lâcher prise lorsqu'un tel comportement colle à la peau ? En, fait derrière la «personne qui assume» se cache souvent quelqu'un qui doute. Manque de foi en la vie, difficulté à faire confiance aux autres et à leurs ressources pour trouver des solutions, besoin de contrôle pour se rassurer. L'individu croit qu'il est apprécié pour ce qu'il fait et non pour qui il est. S'y ajoute un certain attachement à l'image qu'il projette de lui-même : celui qui assume, se montre fiable, aide les autres, bref, quelqu'un de bien. Certains tiennent dur comme fer à cette image, ils ne veulent pas faillir, quitte à prendre en charge des fardeaux trop lourds, disproportionnés. Ne souriez pas, ils sont plus nombreux qu'on ne le croit... Dans les entreprises, combien de salariés se mettent, parfois, dans des situations impossibles à force de vouloir assumer et faire face ? Intérieurement, ils défendent leur sens de l'honneur, leur fierté d'être valable et fiable, leur idée du travail bien fait. Mais, vouloir à ce point avoir raison en maintenant son image peut relever de l'orgueil. Résultat : ils se tyrannisent eux-mêmes à force de vouloir être à la hauteur.

Etre à la hauteur, voilà le mal enfin nommé. Que signifie cette expression ? Et quelle est la «bonne hauteur» en matière de développement de la personne ? Accepter de se voir tel que l'on est constitue sans doute le point de départ. Se libérer des injonctions qui ajoutent de la lourdeur sans apporter de l'enthousiasme (« tu dois », « il faut »...) pourrait facilement propulser vers le haut. Pour les surresponsables, vivre de façon engagée sans se sentir en charge de la planète entière ressemble au paradis. En fait, c'est un chemin d'équilibre et de respect de soi.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <lesagetconseil@wanadoo.fr>

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  • De meryem Le Saget