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Les Pratiques

Kuhn fait du VIE un parcours d'embauche

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 27.03.2007 | Christian Robischon

Le groupe de machines agricoles Kuhn, basé à Saverne (Bas-Rhin), détecte et attire ses futurs managers avec le VIE (volontariat international en entreprise), et auparavant avec le VSNE, ce dispositif de recrutement de jeunes pour des missions à l'étranger.

Entre Kuhn et le VIE (volontariat international en entreprise), c'est une histoire d'amour qui dure. Le groupe alsacien de machines agricoles, qui emploie 2 500 salariés, a recruté 29 jeunes en dix ans dans le cadre du VSNE, au temps du service militaire, puis dans celui du VIE. Cinq d'entre eux exercent actuellement leur mission, ou vont la démarrer cette année, en Ukraine, au Brésil, en Australie, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

Tremplin de carrière

Kuhn a souhaité que ce dispositif ne se limite pas à un aller-retour dans l'entreprise le temps de monter une filiale étrangère. Il entend en faire un tremplin de carrière au sein de la société. Vingt ex-VIE continuent à faire partie de ses effectifs aujourd'hui, dont 12 occupent des postes de direction, soit 4 à l'étranger et 8 en France.

Le patron de la plate-forme logistique a démarré par une mission en Italie, le directeur financier par l'Allemagne. D'autres parcours ont mené vers des postes de responsabilité en RH et marketing. Ils ne relèvent pas du hasard. « Nous considérons, a priori, qu'un volontaire à l'international sait s'adapter, à un pays et à la culture d'entreprise, comme un manager doit savoir s'adapter à l'évolution des objectifs, aux changements de personnel dans son équipe, etc. La mission confiée à l'international lui apporte des compétences transversales qui doivent lui permettre de relever les défis du management », expose Michel Siebert, Pdg de Kuhn. En outre, les VIE apportent, selon le dirigeant, leur regard neuf à une entreprise aujourd'hui confrontée à une indispensable internationalisation.

Le temps de s'adapter

Sans être complètement formalisée, la «gestion» des VIE suit un processus qui évite les erreurs de casting. Avant de partir à l'étranger, la personne démarre par le parcours d'insertion de trois à quatre mois destiné aux futurs managers, qui lui fait faire le tour des usines françaises, voire étrangères. « Il importe de donner le temps au recruté de s'adapter et d'être adopté », commente Michel Siebert. Sa mission, de 18 à 24 mois, l'amène rarement à se retrouver seul : sauf exception, elle ne consiste pas à bâtir une filiale, mais à en accompagner la création ou, sur les marchés plus anciens, à introduire un nouvel outil ou une nouvelle technique de culture. Le VIE s'affirme, ainsi, sous l'oeil d'un responsable local qui peut détecter le potentiel d'un futur manager.

Gestion prévisionnelle

« Face à un postulant extérieur à un poste de cadre, le VIE possède l'atout d'être déjà connu de l'entreprise », appuie Michel Siebert. Cette étape de présélection franchie, il suivra le programme de formation commun aux futurs managers de Kuhn.

A partir de son expérience des VIE, Kuhn développe, aujourd'hui, l'embryon d'une gestion prévisionnelle des effectifs à l'étranger. Afin que l'expatriation, qui touche, pour l'heure, une dizaine de salariés, puisse, elle aussi, devenir un vecteur de promotion interne.

Plus de 13 000 bénéficiaires en France en six ans

Depuis sa création, en 2001, le VIE a bénéficié à plus de 13 000 jeunes de 18 à 28 ans, pour des missions à l'étranger (prospection commerciale, animation d'un réseau de distribution...) d'une durée moyenne de 17 mois.

L'entreprise n'intègre pas le VIE dans ses effectifs, elle lui verse une indemnité calculée selon le chiffre d'affaires et le pays d'affectation. Le dispositif est exonéré de charges sociales, il donne droit à un crédit d'impôt jusqu'à 40 000 euros pour une PME. La protection sociale est assurée par Ubifrance, le gestionnaire du VIE. Selon cette agence du ministère de l'Economie et des Finances, le coût mensuel varie de 1 455 euros, pour une mission au Maroc, à 3 250 euros pour New York. Chez Kuhn, les avantages financiers de la formule ne constituent pas le premier facteur de décision, et l'entreprise les relativise : « Un VIE en Russie coûte plus de 29 000 euros par an, nous pourrions trouver une solution moins chère sur place », indique Roland Rieger, directeur export.

Mi-mars, 4 740 VIE étaient en poste dans 1 067 entreprises françaises. La banque et l'automobile constituent les premiers secteurs utilisateurs de la formule, concentrant, à eux deux, 30 % du total. Si 42 % des missions se déroulent en Europe, les Etats-Unis sont le premier pays d'affectation, devant la Chine.

Selon Ubifrance, 7 VIE sur 10 se voient proposer un poste dans l'entreprise à l'issue de leur mission, dont 60 % à l'étranger et 40 % en France. Deux VIE sur trois l'acceptent, les refus étant d'abord motivés par un manque d'intérêt pour la fonction proposée ou par une rémunération insuffisante.

Kuhn

> Activité : constructeur de machines agricoles. Filiale du groupe suisse Bucher Industrie.

> Effectifs : 2 500 salariés, dont 1 200 au siège, à Saverne (Bas-Rhin).

> Chiffre d'affaires : 500 millions d'euros en 2006, dont 66 % à l'export.

Auteur

  • Christian Robischon