200 000 élus de comité d'entreprise donnent leur temps sans compter pour défendre un dialogue social dont semblent de moins en moins se soucier les travailleurs, happés par leurs problèmes individuels.

Boudés par les salariés, regardés avec méfiance par nombre de patrons, les syndicats français se portent plutôt mal. On les accuse parfois de faire passer leurs mots d'ordre avant les intérêts des travailleurs. Pourtant, 65,9 % de ces derniers les jugent irremplaçables et ils sont indispensables à la société démocratique dans son ensemble.

Que se passe-t-il dans le monde de la représentation sociale ? Montée des valeurs individualistes ? Indifférence ? Ignorance ? Peur d'être mal notés ? Les salariés, de plus en plus autonomes dans leurs modes d'information, se détournent pourtant des structures qui pourraient les aider concrètement, tandis que les relais d'opinion se répandent sur les détournements financiers et les abus de pouvoir de quelques comités d'entreprise de grands groupes à qui leur puissance a tourné la tête. Mais 90 % des comités d'entreprise officient dans des sociétés ou des établissements de moins de 500 salariés.

Plutôt que de distribuer les bons et les mauvais points, Nicolas Dubost, ancien ouvrier chez Renault et formateur auprès des CE, cherche à comprendre la culture du pouvoir à la française, qui peut ne pas épargner les élus, et la culture de l'opposition, qui tend à débusquer sous tout compromis une compromission.

Une lecture décapante qui, au-delà des antagonismes, cherche à inscrire la problématique de la représentation du personnel dans la culture du projet.

t Nicolas Dubost est responsable d'une structure de formation des élus des comités d'entreprise.