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Quand les internautes s'approprient les programmes

Enquête | publié le : 20.03.2007 | A. B. Rodolphe Helderlé

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Quand les internautes s'approprient les programmes

Crédit photo A. B. Rodolphe Helderlé

Ecole de la «deuxième chance», contrat emploi-formation, accompagnement renforcé pour les non- qualifiés... Les jeunes sont l'une des grandes priorités des candidats. Les sites des principaux candidats donnent la parole à des internautes qui se montrent particulièrement enthousiastes pour proposer, réagir, questionner sur le thème du travail.

L'AVIS DE L'EXPERT

Yannick L'Horty, économiste au Centre d'études de l'emploi (CEE)

« On constate une forte mobilisation des candidats pour les dispositifs d'exonération de charges sociales.

D'un côté, on a une aide pour le secteur marchand ; de l'autre, une aide pour le secteur non marchand, ciblé selon l'âge et le bénéficiaire.

Mais on ne constate aucune mesure particulière pour les non-qualifiés et les personnes souffrant de discriminations. Des publics qui pourraient avoir une place spécifique dans ces programmes.

Cela dit, la course à la proposition n'est pas une bonne méthode. Il vaudrait mieux évaluer les réformes déjà engagées plutôt que de réformer sans évaluer. »

En déclinant sur Internet son approche participative, Ségolène Royal a drainé un flot de 100 000 contributions sur le site «Desirs d'avenir». C'est le débat «Economie & travail» qui a été le plus dynamique avec 8 600 contributions au compteur. Une synthèse des débats en ligne a été réalisée. Les propositions des internautes s'articulent autour des axes suivants : favoriser la croissance, améliorer les conditions de travail, rendre le traitement du chômage plus efficace et mieux organiser le partage du travail. La question des formations n'arrive qu'en 5e position. Des débats ont aussi pointé du doigt les limites de certaines institutions comme les syndicats, l'ANPE ou encore la Halde. Sur le thème des discriminations à l'embauche, une internaute ayant saisi la Halde déplore ainsi l'absence totale d'accompagnement de cette institution au niveau pénal. Malgré la publication du pacte présidentiel, les internautes sont toujours invités à contribuer. Un système de vote permet aux visiteurs de noter le degré de pertinence de chaque message.

Du côté de Nicolas Sarkozy, l'approche participative est moins foisonnante. Les internautes ont la possibilité de soumettre leurs questions sur le site «débat Sarkozy». Chacune peut être commentée et notée. Le candidat répond alors par écrit ou par vidéo aux questions plébiscitées par les internautes. Avec 130 questions, le thème du travail arrive en seconde position derrière l'économie et la fiscalité (141 questions). L'occasion, par exemple, pour Nicolas Sazkozy, de répondre par vidéo à une internaute qui l'interrogeait sur la discrimination positive. Et le candidat d'affirmer sa position favorable à ce mécanisme tout en précisant « qu'il ne veut pas que l'on tienne compte de critères ethniques ».

Le site du candidat François Bayrou affiche plus de simplicité. Chaque internaute peut y commenter toutes les propositions du candidat de l'UDF.

Sur le site «Commentonfait ?», initié par l'écrivain Alexandre Jardin, les internautes sont invités à proposer leurs réflexions pour mettre en pratique les promesses de tous les candidats. Le projet de Nicolas Sarkozy visant à ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux chez les fonctionnaires est parmi ceux qui ont généré le plus de commentaires (117). Pour ceux qui n'ont définitivement pas le temps de lire ces milliers de suggestions et autres critiques sur les programmes respectifs, il reste le site «débat 2007», qui résume les propositions de tous les candidats. Pas plus, pas moins.

(1) http://www.desirsdavenir.org/

(2) http://www.debat-sarkozy.fr

(3) http://www.bayrou.fr/

(4) http://www.commentonfait.fr

(5) http://www.debat2007.fr/wiki/index.php/Accueil

Des projets encore flous pour les jeunes

Après l'échec du CPE (contrat première embauche), les candidats affinent leur projet. Il est vrai que les jeunes sont, de loin, les plus touchés par le chômage. Près de 73 % des embauches des 16-25 ans se font en emplois précaires (CDD, intérim...). Interrogée sur les premières mesures qu'elle entend prendre à l'Elysée, la candidate PS affirme que « la bataille pour l'emploi des jeunes sera (s)a première priorité ». Elle souhaite aider « les petites et moyennes entreprises à les recruter » et créerait « tout de suite les emplois-tremplins » qui leur sont destinés. Elle a également réaffirmé le droit au premier emploi « pour qu'aucun jeune ne reste au chômage au-delà de six mois, sans avoir accès à une formation, un emploi aidé ou à un tutorat rémunéré ». Il devrait s'agir d'un accompagnement renforcé et d'une orientation professionnelle des jeunes sans activité afin de déboucher sur « un emploi stable ». Mais elle donne peu de détails sur ce programme. Pour François Bayrou, la priorité est d'associer « contrat de travail et formation professionnelle ». Il est pour que « la collectivité prenne en charge la part du salaire consacrée à la formation du jeune débutant ». Mais là, les contours du projet restent flous.

Engagement national

Marie-George Buffet va plus loin en proposant, dès la première année de sa mandature, une loi d'orientation pour un engagement national en faveur de la jeunesse, qui comprendrait à la fois des aides à l'emploi, au logement, aux transports, un droit à la santé, à l'exercice de la citoyenneté et à l'autonomie.

Quant à Nicolas Sarkozy, il compte sur le contrat unique pour fluidifier le marché du travail et lever les freins à l'embauche. Il compte également développer des écoles de la «deuxième chance» pour les sans-qualification.

Pour Jean-Raymond Lépinay, président de l'UNML (Union nationale des missions locales), « la question des jeunes n'occupe pas la place qui devrait lui revenir dans la campagne. On parle de la jeunesse, mais le débat n'est pas au niveau des problèmes. On n'a pas réalisé que nous étions les derniers de la classe en Europe pour ce qui concerne le taux d'emploi des jeunes ». Les missions locales ont accompagné, en 2006, 1,1 million de jeunes âgés de 16 à 26 ans (la moitié avaient plus de 22 ans).

Retrouvez l'adresse des sites page 25.

Auteur

  • A. B. Rodolphe Helderlé