E & C : Vous êtes l'auteur, avec Sévane Ananian, d'une étude intitulée «Travailleurs âgés, nouvelles technologies et changements organisationnels» (1). Que constatez-vous ?

P. A. : L'innovation technique et organisationnelle a un impact négatif sur le maintien dans l'emploi des salariés de plus de 50 ans, mais aussi de ceux de plus de 40 ans.

Plus l'entreprise cumule des pratiques innovantes, plus la proportion de salariés âgés est affaiblie ; de l'ordre de 2 à 6 points sur une moyenne de 20 % de salariés âgés de 50 à 59 ans dans l'industrie, et sur une moyenne de 15 % dans les services. Nous avons constaté également que plus l'entreprise est innovante plus le flux des entrées est défavorable aux «anciens» : ces entreprises embauchent davantage de jeunes, même après la mise en place de ces nouveautés techniques ou organisationnelles.

E & C : Comment avez-vous défini le concept et le niveau d'innovation technique et organisationnelle ?

P. A. : Nous avons croisé les données de l'enquête Dares «Réponses aux nouvelles technologies» sur 3 000 établissements, avec celles issues des DADS (âge, qualification, salaire...) et celles des déclarations fiscales des entreprises (valeur ajoutée, chiffre d'affaires, capital...). Ce croisement permet de faire apparaître l'impact de l'informatisation et de l'arrivée d'Internet, et celui des nouvelles pratiques de management type «juste à temps», démarches qualité, hiérarchie plate ou pas... Nous en avons déduit une typologie d'entreprises plus ou moins «innovantes» selon qu'elles cumulent différents de ces facteurs de «modernité», et nous avons observé les classes d'âge de leurs salariés.

E & C : Que peut en conclure un responsable RH ?

P. A. : Que le besoin d'adaptation est nécessaire. Et que tout ce qui le favorise, notamment la formation professionnelle continue, doit être renforcée.

(1) Publiée le 23 février dernier, dans la revue «Économie et statistique» n° 397 de l'Insee.