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Enquête

Combats syndicaux autour de l'intéressement

Enquête | publié le : 19.12.2006 | Sandrine Franchet

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Combats syndicaux autour de l'intéressement

Crédit photo Sandrine Franchet

Deux fois en deux ans, la direction de l'entreprise publique a tenté d'instaurer un mécanisme d'intéressement. Deux fois, CGT, FO, Sud-Rail et la Fgaac (agents de conduite) ont fait échouer le projet, en s'opposant aux accords signés par des organisations minoritaires.

« Si la direction veut reconnaître le travail et l'implication des agents, qu'elle le fasse par des augmentations de salaires ! » Comme l'explique Chantal Dur-Tomas, secrétaire fédérale en charge de la protection sociale à la CGT cheminots, c'est le principe même de l'intéressement que les organisations syndicales majoritaires ont rejeté, le 3 juillet dernier, en s'opposant pour la deuxième fois consécutive à l'accord signé quelques jours plus tôt par la direction avec des syndicats minoritaires (CFDT, CFTC et CFE-CGC).

Outil de management

« L'intéressement, fait valoir la syndicaliste, est avant tout un outil de management et d'intégration des salariés aux objectifs de l'entreprise. » Ce qui, pour la CGT, ne se résume pas à un exercice de «novlang» managériale, mais constitue une véritable menace : celle de museler les revendications sur les salaires, l'emploi, les moyens ou les conditions de travail... Ainsi, le seuil de déclenchement du mécanisme d'intéressement étant la réalisation de l'excédent brut d'exploitation prévu au budget (son dépassement entraînant l'attribution d'une enveloppe supplémentaire), cela ne pourrait qu'entraîner les cheminots à accepter, voire à devancer, les mesures de réduction des coûts et de maîtrise de la masse salariale. « Sachant, ajoute la syndicaliste, que ce critère est l'un des seuls sur lesquels ils peuvent agir, le prix de l'énergie ou du péage de RFF étant totalement hors de leur contrôle. » La CGT affirme d'ailleurs qu'à la SNCF, le montant des dernières augmentations générales (+1,8 % en 2006, de même qu'en 2005 et 2004) a été supérieur de 0,3 point à la moyenne des augmentations dans les entreprises publiques ayant adopté un dispositif d'intéressement.

Effets pervers

Quant aux critères qualitatifs qui devaient, dans un second temps, bonifier le montant de l'enveloppe dédiée à l'intéressement (sécurité, régularité des trains, qualité de service et efficacité - mesure du volume de trafic par agent), elles pouvaient également, d'après Chantal Dur-Tomas, entraîner des effets pervers : « Nous risquions, par exemple, de voir des chefs de train donner le départ à l'heure pile, sans tenir compte de la personne âgée ou de la femme enceinte sur le point d'embarquer... »

Dernières raisons avancées par la CGT : outre le caractère aléatoire de ce type de rémunération, les sommes versées au titre de l'intéressement ne participent pas au financement de la protection sociale (et ne sont, à ce titre, pas prises en compte dans le calcul des pensions de retraite), et ne bénéficient pas aux retraités de la SNCF.

En phase

Malgré le recul enregistré par la CGT (-3,70 points, avec 43,24 % des voix) aux dernières élections professionnelles du printemps 2006, pour Chantal Dur-Tomas, il ne fait pas de doute que les syndicats majoritaires sont en phase avec les attentes des salariés : « Si nous avions été à côté de la plaque, les syndicats s'étant opposés au premier accord sur l'intéressement n'auraient pas totalisé 80 % des suffrages exprimés. » La direction de l'entreprise publique partage-t-elle cette analyse ? Elle exclut, pour l'instant, de remettre de nouveau le sujet sur la table, y compris en procédant par référendum...

SNCF

> Activité : transport ferroviaire.

> Effectifs : 238 000 salariés, dont 175 000 au sein de la maison mère.

> Chiffre d'affaires : 21 milliards d'euros en 2005.

Auteur

  • Sandrine Franchet