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Enquête

Quand prévention rime avec réorganisation

Enquête | publié le : 05.12.2006 | C. L.

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Quand prévention rime avec réorganisation

Crédit photo C. L.

Soviba s'est engagé dans une démarche de prévention des TMS qui l'a conduit à des débats internes pour revoir l'organisation du travail de deux secteurs de l'entreprise.

Les TMS ne doivent plus être une fatalité. Tel est le préambule qui guide la politique prévention des risques de Soviba, un abattoir du Maine-et-Loire, spécialisé dans la découpe et la transformation de viande. Le ton a été donné lors de la finalisation du document unique : « Nous l'avons appréhendé comme un tremplin pour initier une démarche de prévention nouvelle, car participative, souligne Philippe Lassozé, directeur du site. J'avais alors en tête d'utiliser le document unique pour mettre en place un plan annuel de prévention dans chaque atelier avec, comme fil directeur, la fixation d'objectifs de diminution des risques. »

Soutien aux entreprises

Pour l'aider dans cette voie, Philippe Lassozé contacte, fin 2004, l'Aract locale, qui envisage, pour sa part, de monter un projet visant à aider les entreprises à travailler sur la prévention des TMS. Une dizaine d'entreprises sont contactées. Six répondent présentes, dont Soviba. Car le sujet TMS dans l'entreprise devenait particulièrement préoccupant : de plus en plus de cas déclarés (19 en 2004), une population vieillissante (21 % des salariés ont plus de 45 ans ; 27 % ont plus de quinze ans d'ancienneté) et des métiers contraignants pour les membres supérieurs.

Philippe Lassozé ne voulait pas rester spectateur. D'où son adhésion au programme de l'Aract, « visant à l'autonomie des entreprises sur la problématique des TMS après l'accompagnement d'un cabinet d'ergonomie financé à 50 % par la direction régionale du travail », indique Elisabeth Tayar, chargée de mission à l'Aract Pays de la Loire.

Formation sur les TMS

Mais, avant de s'attaquer aux postes de travail proprement dits, l'ensemble de l'encadrement, soit une quinzaine de personnes, suit une formation sur les TMS. « Elle nous a permis de mieux comprendre la problématique et de cibler les secteurs sur lesquels il fallait agir », explique le directeur. Deux recueillent plus particulièrement l'intérêt de la direction : la chaîne d'abattage, jugée trop physique, qui décourage les opérateurs d'y travailler, et la ligne de découpe, identifiée comme sensible pour la survenue de TMS. Deux groupes de travail, un par secteur à risques, sont mis en place avec, pour chacun, un opérateur du secteur, le chef d'équipe, le chef d'atelier, un correspondant CHSCT, le corps médical, un représentant du service technique et le responsable sécurité, mais aussi un consultant du cabinet pour un appui méthodologique.

Suivi du projet

Dans la foulée, la direction nomme la responsable sécurité «chef de projet TMS» et installe un comité de pilotage pour un suivi du projet et la validation ou l'invalidation des propositions des groupes de travail. « Dans le cadre de ces groupes, les différents métiers ont appris à s'écouter et à débattre de sujets déplaisants comme, par exemple, les cadences ou l'organisation du travail. Bien souvent, les représentants du cabinet ont servi de médiateurs. L'important étant que les parties présentes soient parvenues à échanger sur les difficultés et à lancer une dynamique », commente Philippe Lassozé.

Il a été décidé d'installer sur la chaîne d'abattage une passerelle pneumatique limitant les rotations du corps et supprimant certains gestes puisqu'elle est installée à hauteur d'homme. Quant à l'atelier de découpe, dont les postes sont interdépendants, l'ensemble de la ligne a été pris en compte sur la base d'informations recueillies auprès des opérateurs. Une réorganisation a donc été entreprise pour homogénéiser les volumes.

A qualité égale

Par ailleurs, le groupe de travail a enquêté sur les savoir-faire en matière de découpe de la viande, différents selon les équipes, afin de proposer des gestes moins physiques pour une qualité de produit identique. Selon Pierrick Cornilleau, secrétaire du CHSCT, le bilan est très positif : « Avant, c'était à l'homme de s'adapter au poste. Aujourd'hui, c'est l'inverse. »

Cette année, la démarche se poursuit avec deux autres secteurs et l'organisation de nouveaux groupes, l'un travaillant avec un consultant, l'autre en autonome. L'Aract a gagné son pari.

Soviba

> Activité : abattoir.

> Effectifs : 800 salariés.

> Chiffre d'affaires : 230 millions d'euros en 2005.

Auteur

  • C. L.