logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Enquête

La longue route de la prévention

Enquête | publié le : 05.12.2006 | C. L.

Image

La longue route de la prévention

Crédit photo C. L.

L'entreprise s'est entourée des compétences pluridisciplinaires internes pour élaborer et décliner une stratégie globale de lutte contre les TMS qui a intégré, dans son approche, les facteurs psychosociaux.

La prévention des TMS ne date pas d'hier chez Jabil, ce sous-traitant électronique employant 600 salariés à Meung-sur-Loire, près d'Orléans. Dès 1999, en effet, plusieurs actions associant postes de travail et ergonomie ont été engagées.

« En 2004, nous étions à la recherche d'un second souffle pour progresser », explique Isabelle Homo, responsable RH. Dans ce but, celle-ci, l'infirmière et le secrétaire du CHSCT s'inscrivent, durant l'été 2004, à une formation dispensée par l'Aract, afin d'« aider l'entreprise à construire une stratégie dans le temps après l'avoir informée sur les TMS et sur les outils à déployer », décrit Isabelle Mary-Cheray, chargée de mission à l'Aract de la région Centre.

« Nous en sommes sortis redynamisés et avec de nouvelles idées », affirme Isabelle Homo. La première, déclinée depuis deux ans, a consisté à mettre en place un groupe de travail pluridisciplinaire réunissant membres du CHSCT, corps médical, service des méthodes, chef de projet nouveaux produits, managers de la production, business units managers et acheteurs. « Ensemble, nous avons réalisé un état des lieux de la problématique TMS et mis en place des indicateurs, notamment sur les TMS déclarés », ajoute la responsable RH.

Amélioration continue

Entre 2000 et 2006, dix-huit cas de maladies professionnelles liées aux TMS ont été enregistrés. « Mais plutôt que d'attendre la déclaration de la maladie, nous avons choisi de recueillir en amont les plaintes des opérateurs victimes de douleurs », précise Isabelle Homo. Lorsque l'infirmière les enregistre, le service méthode interroge l'opérateur, qui décrit alors son problème. Ce qui a permis l'amélioration continue du poste de travail sur la base de la description des gestes et postures qu'il exige.

Recueil de plaintes

Si l'aménagement est impossible, le salarié est déplacé sur un autre poste. « Ce recueil de plaintes est toujours suivi d'effets, ce qui a motivé les salariés à se faire connaître », souligne Didier Guibert, secrétaire du CHSCT et responsable de l'amélioration continue.

Autre initiative engagée : le suivi réactualisé des personnels avec une restriction médicale « concernant 30 % des opérateurs », précise le secrétaire du CHSCT. « Il existait bien des fiches individuelles d'aptitude délivrées par la médecine du travail. Mais les superviseurs (encadrant une équipe de production d'une cinquantaine d'opérateurs, NDLR) n'étaient pas toujours informés des réactualisations. Nous avons décidé de partager un fichier commun. Dès la saisie d'un nouveau cas par l'infirmière, les superviseurs sont prévenus, ce qui conditionne les affectations qu'ils opèrent sur les postes », explique Isabelle Homo. L'entreprise s'est aussi engagée dans une campagne de sensibilisation aux TMS. « Outre des formations pour l'encadrement, des panneaux d'affichage - renouvelés chaque semaine - ont été installés dans les ateliers. Très pédagogiques, explique Didier Guibert, ils ont permis à certains salariés de mettre un nom sur leurs douleurs et de nous alerter. » Autant de nouveaux cas, débattus chaque trimestre, lors du bilan TMS réalisé par la direction auprès du CHSCT.

Enquête de santé mentale

Parallèlement à ces actions, le médecin du travail a souhaité mener, dans l'entreprise, en accord avec le CHSCT, une enquête de santé mentale. « Des salariés avec les mêmes conditions physiques de travail sont déclarés malades, et d'autres non. Il y a donc d'autres pistes à creuser au-delà des conditions matérielles d'un poste », souligne la responsable RH.

Des questionnaires autoadministrés ont donc été distribués, dans lesquels les salariés étaient invités à exprimer anonymement ce qu'ils ressentaient au travail. Verdict : les souffrances existaient bien. Deux autres tests ont consisté à déterminer les facteurs psychosociaux à l'origine de ce mal-être.

Groupe de parole

Pour corriger cette réalité, l'entreprise a créé un groupe de parole au sein duquel les salariés s'exprimaient sur ce qui n'allait pas et sur les solutions possibles. « Nous avons alors recensé toutes les idées et défini un plan d'action, pour certaines transversales, pour d'autres ciblées sur un service », commente Isabelle Homo. Parmi elles, des formations mêlant toutes les catégories de personnel pour mieux comprendre l'organisation de l'entreprise et donc les contraintes des différents métiers. Aujourd'hui, 200 salariés y ont participé. Les autres devraient suivre. « Mais il faudra du temps, souligne, lucide, Isabelle Homo, comme tout ce qui a trait à la prévention des TMS. »

Jabil Circuit Automotive

> Activité : production de cartes électroniques pour l'automobile.

> Effectifs : 600 salariés.

> Chiffre d'affaires : 204 millions d'euros en 2005.

Auteur

  • C. L.