Les économistes ont souvent vu dans les progrès techniques la cause de la crise de l'emploi, un peu comme si les machines volaient aux hommes leur travail. C'est ainsi que certains expliquent le début de l'industrialisation au 19e siècle, la crise de 1929 et, plus récemment, le chômage concomitant de l'apparition des nouvelles technologies de l'information et de la communication.

Si l'entrepreneur introduit l'innovation dans son processus de production pour remporter un avantage concurrentiel, celle-ci a pour conséquence de faire baisser les profits et de rogner les marges, voire d'entraîner la disparition de certaines entreprises.

Par ailleurs, l'élimination partielle ou totale des anciennes entreprises fait qu'une part importante de leurs ouvriers vont perdre leur emploi, tandis que l'appariement entre les activités nouvelles et l'emploi prend du temps. Le progrès technique vient donc bousculer l'équilibre initial en créant des mouvements d'accélération de l'activité, de décélération et, enfin, de dépression.

Dans une première partie, Gérard Duthil rappelle les liens unissant intimement le progrès et l'investissement, d'une part, et les effets macro-économiques des cycles d'innovations, d'autre part. Dans une seconde partie, il propose une analyse empirique des conséquences du progrès technique sur l'emploi et les salaires dans l'industrie et les services en France.

Gérard Duthil est maître de conférences en sciences économiques à l'université de Rouen.