Il semble admis par tout le monde que le rapport des jeunes à la valeur travail s'est distendu. Pour ceux que l'auteur, Thibault Lanxade, nomme «la génération 35 heures», le travail est d'abord une valeur alimentaire. Une forte désillusion par rapport à l'entreprise qui, recourant au chômage non seulement pour survivre mais, tout simplement, pour augmenter ses marges, semble à l'origine du phénomène.

Dans un pareil contexte, la mondialisation de l'entreprise et la montée des intérêts financiers au détriment de ceux purement industriels ne font qu'accélérer le mouvement de désenchantement. Mais si l'entreprise n'hésite pas à dégraisser les personnels considérés comme surnuméraires, les jeunes, en retour, ont tendance à devenir de véritables «zappeurs» de jobs, allant où leur intérêt les conduit sans autre considération de loyauté par rapport à l'entreprise.

Juste retour de bâton ? Peut-être... Mais la faible implication des jeunes par rapport à l'entreprise ne s'arrête pas là. La vie privée leur paraît désormais largement plus importante que leur travail et ils n'hésitent pas à le déserter si besoin. D'où la perplexité du chef d'entreprise, parfois obligé de finir lui-même la tâche délaissée, dans la solitude de bureaux vidés par les RTT...

Une situation prise sur le vif, dont l'objectif paraît être non seulement de tirer le signal d'alarme, mais, plus efficacement, d'essayer de remobiliser les jeunes générations sur la dimension économique.

- Thibault Lanxade est titulaire d'un master en management de l'organisation et de la qualité de l'ESCP. Il dirige une société spécialisée en connectique gaz.