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Jeunes et seniors

Demain | Chronique | publié le : 10.10.2006 | De meryem Le Saget

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Jeunes et seniors

Crédit photo De meryem Le Saget

« Les jeunes veulent travailler uniquement sur ce qui leur plaît et les seniors attendent la retraite. » De part et d'autre de la frontière des générations, les stéréotypes sont nombreux. Du point de vue des seniors, « les jeunes n'aiment pas les contraintes et privilégient toujours les solutions qui les arrangent » ou encore « ils revendiquent des droits, sans réaliser qu'ils ont aussi des devoirs ». Les jeunes ne sont pas plus tolérants à l'égard de leurs aînés. « Pour qui se prennent-ils à nous donner des leçons ? » ; ou « Ils s'accrochent à leur poste, ont peur d'être éjectés et n'osent plus décider. » Ainsi campé, le dialogue s'annonce difficile. Comment changer la donne ?

Pour commencer, toutes les initiatives qui visent une meilleure connaissance mutuelle entre générations sont les bienvenues. Car, en se comprenant mieux, on a davantage de chances de s'apprécier. Journées de team-building, expériences du type «vis ma vie» permettant de découvrir concrètement le métier de l'autre, binômes jeune-senior pour mener des projets, tutorat réciproque : le jeune apprend, par exemple, au senior les astuces de l'informatique et le senior enseigne au jeune la diplomatie d'entreprise. Des dizaines d'idées peuvent ainsi fleurir dans les équipes qui veulent tourner la diversité des âges à leur avantage.

Mary Bateson, anthropologue reconnue et fille des célèbres Gregory Bateson et Margaret Mead, explique qu'une culture qui n'accepte pas la diversité, et particulièrement la «cross-fertilisation» entre générations, est une culture stérile. Les exemples qu'elle décrit pour illustrer ces comportements ont de quoi nous faire réfléchir...

« Je ne compte que sur moi-même, je n'apprends de personne. » Premier cas de pensée stérile. La personne reste fermée aux apports des autres et, bien souvent, d'ailleurs, refuse leur feed-back.

« Je suis ce que je suis, ce n'est pas à mon âge qu'on va changer. » Plutôt attribuée aux seniors, cette remarque se rencontre sous certaines variantes chez les jeunes. Par exemple : « Je n'ai pas l'intention de m'adapter pour entrer dans leur moule. » Aucune concession, chacun pense détenir la vérité.

Et puis, bien sûr, il y a ceux qui pensent ne plus avoir besoin de formation. « Je suis dipômé de telle école, ou je maîtrise parfaitement tel domaine, c'est amplement suffisant. » Oui, au XXIe siècle, les rebelles à la formation continue existent encore.

Enfin, la stérilité se répand lorsque l'on croit que l'autre, celui qui est différent, est inutile. « Ce vieux, je pourrais prendre sa place demain matin et il n'y aurait pas photo ! » ou « Ce gamin, il ne sait pas travailler, il ne pense qu'à s'amuser. » Dans le premier exemple, c'est nier le poids de l'expérience et l'utilité de la mémoire de l'entreprise ; dans le second, c'est refuser d'accueillir les atouts de la jeunesse, son énergie, son esprit de contestation et sa créativité.

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris <lesagetconseil@wanadoo.fr>

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  • De meryem Le Saget