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Le défi quotidien des salariés handicapés

L'actualité | L'événement | publié le : 03.10.2006 | Anne Bariet

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Le défi quotidien des salariés handicapés

Crédit photo Anne Bariet

L'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) et le cabinet WSA pointent, à travers le témoignage de salariés handicapés, le prix à payer pour être performant en entreprise.

Comment les salariés handicapés perçoivent-ils l'entreprise ? Comment sont-ils intégrés ? Quels sont les a priori ? Pour la première fois, l'Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées) a réalisé une étude qualitative (1) avec le cabinet WSA pour sonder les perceptions des salariés handicapés. Résultat ? L'entreprise peut mieux faire.

L'insertion professionnelle reste difficile. De fait, selon l'étude, tous s'accordent sur un point : le travail est considéré comme positif et permet de s'intégrer à la collectivité. Il transcende les difficultés liées au handicap dans le quotidien. Mais tous mettent en avant la nécessité d'être meilleur que les autres. « Je travaille à 150 % parce que mon employeur va penser que je vais travailler à 75 % par rapport à un salarié valide ! », peut-on lire parmi les témoignages recueillis.

Reconnaissance

Cette exigence de performance est vécue comme un défi personnel quotidien et comme une condition à l'intégration et à la reconnaissance. Mais s'ils revendiquent le plus souvent cette étiquette de salarié handicapé «modèle», cette dernière est cependant lourde à porter. Notamment pour les jeunes salariés ayant moins de cinq ans d'expérience.

« Cette étude confirme nos intuitions, à savoir que l'image du salarié «Superman» est, pour ce dernier, une contrainte supplémentaire, indique Claudie Buisson, directrice générale de l'Agefiph. L'employeur ne se rend pas toujours compte de cet investissement, n'en a pas toujours conscience. »

Les salariés handicapés ne réclament pas un traitement de faveur particulier, ils ne veulent pas de compassion : « Ils veulent être considérés comme des salariés comme les autres, mais, dans un même temps, ils demandent qu'on n'oublie pas leur handicap. » Du coup, selon l'enquête, « l'énergie investie pour se maintenir au même niveau que les autres les amène peut-être à négliger leurs possibilités d'évolution dans l'entreprise et génère une fatigabilité à partir de la quarantaine ».

Des atouts connus

Et pourtant ! 93 % des entreprises employant des personnes handicapées se déclarent satisfaites. Les atouts sont connus : « Elles prennent conscience que ces salariés peuvent apporter beaucoup », poursuit Claudie Buisson. De fait, les personnes handicapées développent, au-delà de leur savoir-faire, une compétence relationnelle qui génère des effets positifs chez les autres collaborateurs. « Le salarié handicapé joue parfois un rôle de confident à effet «thérapeutique» : l'effet «miroir» du handicap, qui permet de relativiser ses «petits bobos», ses insatisfactions en tant que salarié. »

Un constat également partagé par Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire sur les discriminations à Paris-1 et membre de la Halde : les « salariés handicapés ont développé un savoir-être, des qualités comportementales qui sont attractives pour les entreprises ». Par ailleurs, l'étude montre que la présence d'un salarié handicapé permet de voir se développer le souci de l'autre, l'écoute, la sensibilité. Face à ce constat, quelles sont les solutions pour les managers ? Plusieurs réponses sont apportées par l'association. « Balayez les préjugés » ; « communiquez sur leur profil et leur mission » ; « fixez-leur de vrais objectifs » ; « anticipez les aménagements de poste... »

Obstacles à l'intégration

Des obstacles à l'intégration demeurent, toutefois. D'après un testing réalisé par Jean-François Amadieu, en 2004, étudiant les critères d'embauche dans la sélection des CV, les chances pour postuler à des emplois commerciaux étaient différentes selon le sexe, l'origine ethnique, l'âge, le handicap et le lieu de résidence. Les premières victimes étaient les candidats handicapés, avec 2 % de réponses positives.

Mais, selon Claudie Buisson, le regard porté sur cette question est en train de changer. Un mouvement de fond semble avoir été lancé par les entreprises. Sensibilisées au problème, elles mettent en oeuvre des politiques actives d'embauche (Axa, Renault, Lyonnaise des Eaux, Adecco...). « Plutôt que de culpabiliser les employeurs, il faut les convaincre de l'intérêt de la démarche », poursuit-elle. Une entreprise avertie...

(1) Salariés handicapés : l'entreprise, telle qu'ils la voient, telle qu'ils la vivent. Étude qualitative réalisée par WSA pour l'Agefiph à partir de trois groupes d'entretiens réalisés en région parisienne, entre le 11 et le 18 septembre 2006.

Auteur

  • Anne Bariet