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Les Pratiques

Les ex-Brandt à nouveau face à des licenciements

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 26.09.2006 | M.-P. V.

L'espagnol Fagor Electrodomesticos, qui a racheté ElcoBrandt il y a un an, déclenche un nouveau plan social dans le groupe qui a perdu un tiers de ses effectifs en cinq ans. Les syndicats réclament des engagements de la direction sur la pérennité de l'outil industriel.

Depuis cinq ans, les ex-Brandt cherchent en vain à être rassurés. En dépôt de bilan en septembre 2001 et placé en redressement judiciaire en même temps que sa maison mère Moulinex, le groupe trouve un repreneur, l'israélien Elco. C'était le candidat préféré des salariés du fabricant de gros électroménager, le seul à conserver les sept usines du groupe et le mieux-disant sur le plan de l'emploi avec «seulement» 1 055 licenciements sur un effectif de 5 300 personnes.

Mais, depuis, l'usine de Lesquin (59) a été fermée, celle de Nevers (58) vendue, avant que, en juin 2005, Elco ne jette l'éponge. L'israélien a vendu le capital à l'espagnol Fagor Electrodomesticos, qui en possédait déjà 10 %. Fagor appartient au groupe coopératif espagnol MCC, qui emploie 80 000 salariés dans le monde dans les secteurs de la finance, de l'industrie et de la distribution. Le nouveau propriétaire parle alors de croissance.

Réduction de 10 % des effectifs

Un an plus tard, le discours est tout autre : il faut réduire les effectifs de 10 %. « Le rachat d'ElcoBrandt par Fagor constituait une opportunité pour ces deux groupes qui présentaient de fortes complémentarités. L'effet de taille permettait de viser le cinquième rang européen sur le marché de l'électroménager, rappelle Bruno Rameau, le DRH. Mais, aujourd'hui, nous sommes un groupe chahuté dans un secteur soumis à une forte concurrence commerciale. Dans une logique d'optimisation, nous faisons tout pour trouver des solutions qui permettent de maintenir un outil industriel en France. » Le DRH ne souhaite pas s'étendre davantage sur les raisons économiques de la restructuration annoncée juste avant l'été, se retranchant derrière la procédure légale d'information-consultation ouverte fin juin.

Syndicats conscients des difficultés

Dans l'ensemble, les organisations syndicales reconnaissent que le groupe fait face à des difficultés. « Nous sommes conscients des principaux écueils, concède Christian Legay, secrétaire CFE-CGC du CE de Brandt Appliances, l'entité commerciale du groupe. La concurrence est de plus en plus exacerbée, les groupes délocalisent dans des pays à bas coûts, et conserver une production en France est un défi que nous devons relever. Mais rien dans les éléments donnés par la direction ne permet de dire que les mesures de réduction d'effectifs vont dans ce sens. »

La CGT, elle, dénonce aussi les mauvaises gestions du passé. « On sait que dans le dépôt de bilan de 2001, 780 millions de francs ont disparu, ce dossier est d'ailleurs toujours en justice. Quant à Elco, nous avons le sentiment qu'ils ont fait le strict minimum pour valoriser le groupe et faire une plus-value à la revente », estime Nicolas Rouget, délégué syndical central CGT de Brandt Industries, la branche production du groupe.

Les usines sont les plus touchées

Au total, 355 postes sur 3 477 sont supprimés, d'après les syndicats. Les usines sont les plus touchées, avec 255 licenciements, dont 101 sur le site d'Aizenay, en Vendée, selon FO ; 69 postes disparaissent chez Brandt Appliances ; 50 chez Brandt Customer Services, l'entité en charge, notamment, du service après-vente ; et 11 sur des postes transversaux au siège. Dans le même temps, 34 postes sont créés. « 50 emplois sur 200 en R & D sont supprimés. Quel est l'avenir d'un groupe qui réduit ses investissements dans ce domaine ? », s'inquiète Nicolas Rouget, rappelant les deux priorités de Fagor : accroître le sourcing, qui consiste à faire fabriquer les produits de sa marque dans les usines d'autres constructeurs, et, sur ses propres sites, travailler pour d'autres industriels. « Que deviendront nos usines en France si ces clients nous retirent leur production alors que, peu à peu, nous délocalisons la nôtre ? » Christian Sothier, délégué syndical central FO de Brandt Industries, acquiesce : « Fagor ne cherche pas à faire un plan industriel, mais à gagner de l'argent le plus rapidement possible. »

Accord de calendrier et de moyens

Les organisations syndicales, à l'exception de la CGT, ont signé avec la direction un accord de calendrier et de moyens. « Cet accord révèle bien l'état d'esprit qui prévaut de part et d'autre. Il y a de la discussion et de l'ouverture », insiste Bruno Rameau. Les syndicats ont un avis sensiblement différent. « La direction met le pied sur le frein au niveau du dialogue social. Elle considère que le plan est ficelé et que nous ne pouvons l'amender qu'à la marge. Or, les mesures sociales qu'elle propose ne sont que du légal légèrement amélioré », indique Christian Legay, sans en dire davantage. « Les conditions de départ proposées ne sont pas satisfaisantes. Nous voulons notamment que le plan comporte des mesures d'âge », précise Christian Sothier. Commentaire du DRH : « La procédure sera close courant octobre. »

Auteur

  • M.-P. V.