«Pourquoi ne pas appliquer à l'entreprise publique ce qui se pratique avec succès dans le privé ? » Pour Philippe Knusmann, maire adjoint d'Issy-les-Moulineaux délégué aux RH, rien ne s'opposait à l'externalisation. La ville des Hauts-de-Seine (1 000 collaborateurs et 500 vacataires), pionnière en matière d'administration électronique, lance le premier programme d'externalisation RH du secteur public en France. « Nos services n'étaient pas toujours en mesure de répondre dans les temps aux sollicitations internes ou externes », explique l'édile. Selon les résultats d'un audit commandé à la suite de dysfonctionnements, le personnel passait 60 % de son temps à des tâches répétitives d'exécution sans valeur ajoutée, sur un système informatique obsolète.

Le projet répond à un objectif de performance : « Les notions de rendement et d'efficacité peuvent aussi s'utiliser dans le service public. La ville est une entreprise comme une autre, même si son objectif n'est ni commercial ni lucratif. » La localité souhaitait aussi se décharger des tâches administratives et se concentrer sur des fonctions plus stratégiques : suivi individuel des carrières, gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC)... Tout en disposant d'un outil d'analyse et de reporting. L'opérateur de services informatiques Steria a été choisi après un appel d'offres : « Sa proposition, complète, intégrait les particularités des statuts de la fonction publique territoriale », précise Philippe Knusmann.

L'externalisation des processus ou business process outsourcing (BPO) ne concerne que les actes administratifs d'exécution, pas les pouvoirs régaliens de la collectivité. Elle a débuté par la paie, éditée en avril dernier par le prestataire. Suivront, d'ici à septembre 2006, la gestion administrative du personnel, du recrutement, la mise en place d'une base de données descriptive des postes en vue d'une GPEC, la formation ou encore le pilotage RH grâce à des tableaux de bord et des indicateurs de performance. Le prestataire prend aussi en charge l'infogérance et la tierce maintenance applicative de la solution.

Le recours à l'outsourcing implique une réorganisation des tâches. A terme, la gestion des absences et des congés sera déconcentrée au niveau des responsables d'équipe. La baisse des effectifs RH qui s'ensuit, d'une quinzaine de collaborateurs à moins de dix, sera accompagnée par des reclassements et des réorientations. Le projet n'a d'ailleurs pas suscité de tollé de la part des syndicats : « Plus curieux que critiques, ils ne condamnent pas d'avance l'externalisation, conscients qu'elle fonctionne bien dans d'autres domaines », affirme Philippe Knusmann. Le coût de l'opération s'élève, pour la municipalité, à 2,6 millions d'euros sur trois ans.