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Le progrès fait rage...

Demain | Chronique | publié le : 09.05.2006 | De P.-L. Chantereau

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Le progrès fait rage...

Crédit photo De P.-L. Chantereau

On n'est pas à l'abri des surprises. Pas toutes bonnes, pour dire vrai.

Après la cocotte-minute, le self-drive, et le washmatic, voici maintenant la dernière nouveauté des ressources humaines : l'autospeed-out, la petite merveille du salon des arts managés, la trouvaille du siècle, enfin du confort comme vous en avez toujours rêvé : le licenciement vite fait bien fait, ni vu ni connu, pas vu pas pris. Un chef-d'oeuvre.

Bien entendu, l'histoire se passe chez un spécialiste des ressources humaines, les cordonniers n'étant jamais les derniers à marcher à côté de leurs pompes.

La personne qui me raconte l'épisode est une dame d'un certain âge, charmante et expérimentée, pas du genre à découvrir tardivement que nous vivons dans un monde de brutes avec des prédateurs au-dessus et des chausse-trappes en dessous.

Mais là, le coup lui reste en travers de la gorge. On peut comprendre.

« Voilà presque dix ans que je travaille en free-lance avec ces gens, des spécialistes reconnus, dont le point de vue est écouté par tout le monde et même quelquefois pris en compte, c'est vous dire. Leur audience est tellement reconnue que la plupart des DRH sérieux, et il y en a, ne prennent plus la moindre décision sans les consulter, même furtivement. Un seul froncement de sourcils est une raison de renoncer, un seul vague sourire de Joconde une raison de foncer. C'est dire l'importance. Et, depuis des années, tout le monde trouve ça très bien. Des gourous, des pythies, des marabouts de la ressource humaine, appelez-ça comme vous voulez. Et, bien entendu, exemplaires chez eux, ça va de soi. »

Très bien. Alors, où est le problème ?

« Le problème, c'est que, derrière la façade, la boutique sent le recyclé, on sert en salle des plats dans lesquels on crache en cuisine, et on exploite le clandestin autant qu'on peut, la main sur la conscience. La preuve ? Convoqué sans motif, je me suis fait virer en dix minutes chrono en main. Mais il y a plus fort. Comme le motif n'était probablement pas avouable, on m'a demandé si je voulais bien laisser ma place. Bref, si j'acceptais de m'autodisjoncter. Compte tenu de mon statut de free lance, il n'y avait qu'une seule réponse possible : me sortir moi-même, à première demande. C'est fort, hein ? »

C'est fort ?

A mon avis, pas tellement. C'est même plutôt un avis de faiblesse. Proposer la ciguë à celui qu'on n'a pas le courage d'abattre soi-même est une très vieille façon de faire. Socrate le disait déjà...

Pierre-Loïc Chantereau <www.equation-management.com>

Auteur

  • De P.-L. Chantereau