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Fumigènes, grippe aviaire, et coaching d'atrabilaires

Demain | Chronique | publié le : 25.04.2006 | p.-l. chantereau

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Fumigènes, grippe aviaire, et coaching d'atrabilaires

Crédit photo p.-l. chantereau

Je l'ai dit cent fois : depuis que le progrès fait rage, on fait un métier formidable, nous autres, les consultants.

Comme dit gentiment un client que j'aime bien : « C'est quand même le seul métier où on nourrit sa famille avec le malheur des autres. »

C'est d'ailleurs faux : il suffit de penser aux podologues, aux pompes funèbres, et aux huissiers...

N'empêche que, cette fois, l'affaire est intéressante :

Le client est une «vieille maison» (Ils disent ça d'eux-mêmes. Je ne fais que répéter. Je pense qu'ils supposent que la vieillerie est une qualité ?), toute confite de suffisance, assise sur plus de 150 ans de succès dans les mêmes mains familiales.

Dieu sait que je mesure la difficulté à durer ; mais je crois qu'on devrait s'en réjouir plus que s'en vanter, parce que la part de chance est souvent (et c'est vrai dans ce cas) aussi déterminante que la part de talent et de travail pour assurer la durée de nos entreprises.

L'homme qui fait le paon devant moi s'attribue d'ailleurs, sans état d'âme, les 150 dernières années de succès, comme les valets d'autrefois s'ennoblissaient du prestige de leur maître. C'est comme ça, rien à y faire.

Et le voilà qui râle contre les modes du temps, contre la qualité qui baisse, contre les charges qui montent ; contre les horaires d'été, contre le personnel qui s'en va voir ailleurs, contre les valeurs qui disparaissent. Et contre tout ce qui bouge, surtout les jeunes, qui ne veulent plus travailler, c'est bien connu...

« Le pire, c'est cette habitude de remplacer le travail par de la communication sur le travail. Plus personne ne fout rien, mais tout le monde donne son avis ! Et on parle, et on parle, et derrière ces fumigènes, la réalité s'installe comme ça l'arrange. Enfin, comme ça nous dérange, en fait. C'est comme avec la grippe aviaire. A la fin du film, c'est moins les poulets qu'on abat que les éleveurs. Pour le travail, c'est la même chose. A la fin des blablas, c'est l'emploi qu'on tue. »

Je l'invite à continuer. Le coaching de dirigeants, même râleurs, c'est aussi de les écouter jusqu'au bout :

« Je vais vous dire deux trucs de screugneugneu, vous en ferez ce que vous voudrez :

1. On est au début de la fin de la gloire des communicants. Et à deux doigts du printemps des faiseurs, ceux qui bossent pour de vrai.

2. Notre soi-disant modèle social fait sous lui. Laissons-le mourir, c'est un service à lui rendre. Le suivant ne pourra qu'être meilleur. »

Ce qu'il y a d'épatant avec les atrabilaires, c'est qu'il leur arrive de dire des choses intéressantes.

Et peut-être même vraies ?

Pierre-Loïc Chantereau < www.equation-management.com >

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  • p.-l. chantereau