L'incertitude est devenue courante dans les entreprises, on pourrait presque croire que les salariés s'y sont habitués. En fait, rien n'est moins sûr. L'individu a plus que jamais besoin d'une certaine sécurité pour bien travailler et s'investir dans ce qu'il fait. Comment le manager peut-il favoriser ce climat de sérénité dans ses équipes ?
Le premier levier est de parler vrai et d'aborder en toute simplicité les questions concernant la vie de l'entreprise, les résultats, les changements en cours. Utiliser un langage clair, que tous peuvent comprendre, sans jargon ni ambiguïté. Cela montre que l'on traite les personnes en adulte et que l'on regarde les situations en face. Curieusement, même quand les conditions sont défavorables, la franchise crée de la stabilité. Mais franchise sur quoi ? Car, souvent, il n'y a pas de nouvelles à annoncer. Donc, le manager se tait, pensant qu'il n'a rien de particulier à dire. Erreur ! La vie est faite de choses très simples : les collaborateurs savent que leur responsable est allé à un rendez-vous extérieur ou qu'il a présenté un projet au comité de direction. Ils attendent un retour, quelques commentaires, un partage spontané sur le quotidien de l'entreprise en dehors de leur sphère d'activité directe et au-delà de leur niveau hiérarchique. La motivation au travail, et sa version moderne, le désir de s'investir, se nourrissent d'échanges et de partages. Leurs trois principaux ennemis sont donc le silence (ne pas voir ce qu'on pourrait dire), le sens du secret (croire que tout est confidentiel), et le fonctionnement en silo (informer ses proches collaborateurs mais pas les autres). Si le silo est fréquent entre deux étages d'une entreprise, aujourd'hui il s'étend de part et d'autre d'un couloir, ou même entre deux bureaux voisins... Soyons vigilants. Effectivement, dans nos organisations éminemment complexes, le travail en silo renforce l'anxiété et le sentiment d'insécurité, car l'angle de vue qu'il autorise est trop étroit. Les personnes ont l'impression que la réalité leur échappe. Et elles ont raison...
Le deuxième levier qui permet de créer de la stabilité dans les équipes est de filtrer son stress. Bien sûr, il est tentant de dire qu'on en a « ras-le-bol » quand on est fortement sous pression. Mais on ne mesure pas l'effet désastreux de ces moments de relâche. Tout manager doit s'imposer une discipline à l'égard de ses collaborateurs : diffuser de l'énergie et mettre en sourdine son anxiété. Sinon, l'ensemble de l'équipe devient à son tour inquiète, hyper stressée et ne peut plus s'investir dans de bonnes conditions. Doit-on pour autant ne plus jamais être naturel ? Non, il importe d'être lucide en anticipant l'impact de son comportement sur autrui. Quand le président est cassant et livide, tout le monde croit que l'entreprise va mal. Quand le manager est tendu et qu'il reste obnubilé par son problème du moment, ses collaborateurs se disent que les nouvelles sont sans doute mauvaises. A l'inverse, dès que le manager est présent et qu'il sait écouter avec attention, le sentiment de confiance et de stabilité s'accroît.
Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris. <
