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Les entreprises draguent les plus de 50 ans

Enquête | publié le : 21.03.2006 | Caroline Talbot, à New york

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Les entreprises draguent les plus de 50 ans

Crédit photo Caroline Talbot, à New york

Les entreprises américaines comprennent de mieux en mieux le potentiel des salariés de plus de 50 ans. Et s'allient à l'association des retraités AARP pour recruter des salariés baby-boomers.

Joseph Polito, 68 ans, aime l'ambiance du travail, la camaraderie, les challenges. « C'est ce qui me garde en forme », dit-il. Alors, quand il a dû prendre sa retraite dans son groupe d'assurances, Joseph Polito n'a pas du tout apprécié. Et il est ravi de revenir au bureau, avec l'aide de l'agence de travail temporaire Kelly Services, pour remplir les dossiers d'assurance, au lendemain d'une catastrophe naturelle. L'an dernier, Katrina, Rita... Les ouragans à répétition qui se sont abattus sur les Etats-Unis l'ont maintenu en activité neuf mois sur douze. Joseph Polito fait partie d'un pool de plus de 60 000 personnes, âgées de 50 ans et plus, qui travaillent régulièrement, à temps partiel ou à plein temps, pour l'agence Kelly Services.

D'ailleurs, la direction de Kelly Services a passé un accord de partenariat avec l'AARP (Americain Association of Retired Persons), une puissante association de retraités affichant 36 millions de membres. Et l'AARP s'est engagée à mettre en contact l'employeur Kelly Services avec ses nombreux membres désireux de rester actifs.

Premier contrat

Pour l'AARP, tout a commencé en février 2004, par la signature d'un premier contrat, avec la chaîne de bricolage Home Depot. A l'époque, Bob Nardelli, le Pdg de Home Depot, fait figure de visionnaire. Le patron sait qu'il va bientôt être confronté à un manque de main-d'oeuvre. Car la retraite massive des baby-boomers va disperser ses troupes. Le turn-over dans le commerce est en outre très important. Et, précise Emily Allen, directrice du programme de travail à l'AARP, « Home Depot ouvre un nouveau magasin toutes les 48 heures ».

L'enseigne a donc besoin de trouver, chaque année, 100 000 salariés. Elle demande à l'AARP de « lui ouvrir de nouveaux pipelines de candidats : ceux des salariés matures ». Chaque partenaire fait un effort. Home Depot forme ses gérants de magasin pour leur faire comprendre la valeur des employés plus âgés. Et l'AARP s'occupe du recrutement, voire de la formation, en mettant à profit les programmes du ministère du Travail, qui aident les plus de 55 ans à rafraîchir leur CV et à perfectionner leurs connaissances.

L'AARP inscrit sur son site Internet les offres de Home Depot pour des emplois de plombier, d'électricien, de jardinier... Elle donne les détails : temps de travail hebdomadaire, avantages sociaux... « Onze jours de vacances par an, assurance santé pour les lunettes et les dents, remboursement des frais de scolarité à l'université », peut-on lire sur le site aarp. org.

Bonne expérience du métier

La chaîne de bricolage a ainsi recruté des milliers de quinquagénaires et plus dans des postes à plein temps ou à temps partiel. Il est même arrivé au groupe d'offrir, en hiver, des emplois au soleil en Floride, puis à l'intérieur des terres pour l'été, en Pennsylvanie. Car les quinquas se révèlent précieux : ils possèdent une bonne expérience de leur métier, ils sont plus loyaux que les jeunes recrues et nouent de bons contacts avec la clientèle de... baby-boomers, désireux de bricoler dans la maison.

Quand les autres employeurs ont compris le potentiel à disposition, eux aussi ont voulu participer. Depuis février 2005, l'AARP a étendu son éventail à douze autres compagnies : Borders, Walgreen... Des chaînes de commerçants entrent dans l'aventure. Mais il y a aussi la société de recrutement Kelly Services, le spécialiste du courrier Pitney Bowes, l'assureur MetLife.

Déficit de main-d'oeuvre

D'ici à l'automne prochain, Emily Allen projette d'ajouter à ces pionniers de nouveaux employeurs de l'hôtellerie, du secteur de l'énergie, ou encore de l'industrie... Tous connaissent les menaces futures planant sur leurs efforts d'embauche, et ils ont compris les vertus de l'AARP. Le Bureau of Labor Statistics, l'Insee américaine, prévoit un éventuel déficit de main-d'oeuvre de 10 millions de salariés pour 2010. « Nous avons beaucoup de demandes, se félicite Emily Allen, mais nous voulons de bons employeurs. »

Pendant ce temps, Home Depot renforce ses relations avec l'AARP, car le groupe a ouvert, en octobre dernier, dans ses magasins, des cours de bricolage pour les baby-boomers.

Auteur

  • Caroline Talbot, à New york