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Demain

Qui a le singe ?

Demain | Chronique | publié le : 07.02.2006 | De meryem Le Saget

Il existe deux façons de moins travailler : se montrer inefficace, pour inciter les personnes à confier les tâches à d'autres, ou bien faire astucieusement accomplir son travail par ses collègues. La première méthode étant un peu risquée (on affiche ses faiblesses), la deuxième recueille beaucoup plus de succès.

C'est ce que l'on appelle « donner le singe» aux autres. Cette expression imagée vient du consultant américain William Oncken, qui a publié, dans la Harvard Business Review, un article devenu fort célèbre. Il y explique que le singe que vous portez sur l'épaule, c'est la prochaine action à réaliser lors d'un travail d'équipe. A la fin d'une réunion, quand un collègue vous dit : « On attend donc ta note avec les données mises à jour », c'est vous qui avez le singe, car c'est à vous de prendre la prochaine initiative. Vous terminez un entretien téléphonique et votre interlocuteur vous demande de lui « récapituler tout cela par mail », le singe vient de vous sauter sur l'épaule.Certains malins (ou paresseux ?) ont bien compris comment tirer parti de la situation. Il s'agit de sortir de chaque réunion ou de chaque entretien sans rien avoir à faire. Vous leur demandez des précisions ou des analyses complémentaires ? Ils vous répondent qu'on peut déjà bien avancer avec ce que l'on a. Vous souhaitez qu'ils appellent certains interlocuteurs pour recueillir des informations, ils vous persuadent que ces personnes sont injoignables ou qu'Untel, qui les connaît bien, sera beaucoup mieux placé pour obtenir ces renseignements...

Ces équipiers habiles tirent toujours leur épingle du jeu en vous prouvant, dans l'intérêt du projet, qu'il vaut mieux que ce soit vous qui vous en occupiez. Ils vont même jusqu'à vous déposer l'ensemble du dossier sur votre bureau, afin que vous ayez tous les éléments. Quand ils effectuent une partie du plan d'action, ils ne gardent pas longtemps la balle dans leur camp. Dès le travail avancé, ils vous en informent par mail et terminent leur message par « qu'en penses-tu ? ». C'est donc chez vous qu'est revenu le singe, sauf si vous ignorez la question finale.

Le répertoire de ces experts est vaste. Quitter la réunion pour un rendez-vous urgent avant qu'on ait eu le temps de décider «qui-fait-quoi» est assez efficace. Conclure le premier sur un sujet en disant : « Super ! Tu peux t'en occuper ? » n'est pas mal non plus. Et, bien sûr, avoir un agenda ostensiblement chargé, qui rend impossible tout engagement supplémentaire, constitue l'arme absolue : une bonne âme va bien finir par se dévouer. Evidemment, quand on a compris le jeu, plus personne ne veut le singe. Les projets avancent donc sans décision ni responsabilisation. N'ayant trouvé aucune épaule accueillante, le singe est tombé dans le vide. Et l'on se demande parfois pourquoi l'exécution traîne...

Meryem Le Saget est conseil en entreprise à Paris <lesagetconseil@wanadoo.fr>

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  • De meryem Le Saget