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Les Pratiques

La base de Kourou peu courue par les cadres

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 10.01.2006 | F. G., à Kourou

A Kourou, en Guyane, les détachements de salariés ressemblent à de vraies expatriations. Malgré l'intérêt professionnel d'un passage par la base spatiale, les entreprises ont du mal à organiser la mobilité vers ce petit territoire.

«Depuis vingt-cinq ans, Guyane rime avec Ariane» : tel est le slogan qui accueille le visiteur sur le site de Kourou : 1 350 personnes y travaillent, tous métiers et entreprises confondus. Plus de la moitié d'entre elles viennent de la métropole, ou de l'étranger (Chine, Inde, Brésil). Leurs contrats sont de trois ans en moyenne, souvent renouvelables. Cet effectif important d'expatriés ou de détachés jouissent d'avantages parfois mal ressentis par une population plutôt cantonnée aux tâches d'exécution.

Installation compliquée

Les salariés détachés de la métropole bénéficient, eux, d'un salaire indexé sur le coût de la vie, plus élevé de 25 % à 30 % en moyenne, dispositif désigné sous le vocable de «prime de cherté». Pourtant, bien qu'une expérience sur la base du centre spatial fasse souvent office d'accélérateur de carrière (le site de Kourou est un must technologique), la Guyane reste une destination difficile à proposer aux cadres. « C'est très compliqué de venir s'installer avec femme et enfants. Le conjoint reste souvent sans emploi. En dehors du secteur spatial, nous avons peu de postes qualifiés à proposer », explique une employée de l'ANPE de Cayenne.

Si les jeunes ingénieurs encore célibataires sont volontaires pour partir à Kourou, du côté du personnel confirmé, les départs sont moins évidents. Sans compter un climat équatorial humide difficile, avec des problématiques de santé lourdes (fièvre jaune et paludisme).

Mais, plus inquiétant, et encore relativement tabou, c'est surtout le sentiment d'insécurité croissant sur le territoire qui freine la mobilité. « Malgré des conditions salariales élevées, nous enregistrons de nombreux refus pour des postes à Kourou », explique, sous couvert d'anonymat, cette chargée des RH d'une PME d'aéronautique toulousaine présente sur le centre. Et Michel, ce cadre d'Arianespace, installé depuis deux ans, de confirmer : « Kourou vit de plus en plus en vase clos. Nous sommes obligés de sécuriser nos villas, d'être vigilants face aux agressions. »

Sécurité des cadres

Arianespace emploie sur la base une petite cinquantaine de personnes, dont 80 % sont des ingénieurs et des scientifiques spécialisés. « C'est à peine un cinquième de l'effectif total de l'entreprise, qui comprend 250 salariés », souligne Mario Delepine, porte-parole de la société. Et de reconnaître que le leader mondial n'échappe pas à la difficulté que présente la gestion de ces détachements en Guyane. Dans la réorganisation des RH lancée en 2003, un volet concernait spécialement la mobilité à Kourou. Avec, au premier chef, la question de la sécurité des cadres. Sans vouloir en dévoiler plus, l'entreprise dit avoir été, elle aussi, obligée de renforcer les mesures de protection de ses salariés.

Auteur

  • F. G., à Kourou