E & C : Vous publiez une étude* qui établit un lien entre les résultats de 90 cellules de reclassement et le niveau de coopération entre entreprises, syndicats, cabinets-conseils, ANPE, Afpa, Assedic et DDTEFP. Peut-on parler d'une approche concertée entre ces acteurs ?

C. T. : La coopération est loin de s'imposer naturellement. Chacun intervient avec sa propre logique. L'entreprise se contente trop souvent de respecter le cadre légal pour se décharger de sa responsabilité sur le cabinet de reclassement. L'objectif de reclassement ne constitue pas nécessairement la priorité du commanditaire. Les diagnostics partagés sont rares. Globalement, les résultats des cellules de reclassement analysés ne sont pas satisfaisants. Plus de 27 % des salariés dont l'emploi est supprimé n'ont pas adhéré à une cellule, et le taux de retour à l'emploi est globalement inférieur à 50 %.

E & C : En quoi l'anticipation peut-elle améliorer la coopération ?

C. T. : Les intervenants qui gravitent autour d'une cellule de reclassement ne perçoivent pas l'intérêt qu'ils ont à coopérer s'ils ne sont pas intégrés en amont dans la prise de décision. Quand la direction associe, par exemple, le CE au choix du cabinet de reclassement, le nombre de salariés qui adhèrent au dispositif augmente significativement.

E & C : L'étude pointe l'intérêt d'adopter une démarche de gestion de projet en matière de reclassement avec un cahier des charges commun à tous les intervenants. Qui doit jouer les chefs d'orchestre ?

C. T. : L'étude porte sur quatre départements. Il apparaît clairement que les résultats les plus positifs se trouvent là où les DDTEFP ont imposé aux entreprises des cahiers des charges définissant les engagements de chacun. Le besoin d'un chef d'orchestre est d'autant plus nécessaire avec la décentralisation des politiques de l'emploi et l'éclatement des services.

* Disponible sur < http://surlemploi.free.fr/serendipity >