L'emploi reste une denrée convoitée et le rapport social n'est manifestement pas favorable aux travailleurs. D'où une tendance apparente à la pacification sociale depuis une décennie. Sous la direction de Jean-Michel Denis, maître de conférence à l'université de Marne-la-Vallée, une équipe de chercheurs s'est réunie pour dresser un état des lieux du conflit social en France.

La première partie de l'ouvrage analyse les tendances de la conflictualité contemporaine ; la seconde, les différences de conflictualités entre les espaces traditionnels de la mobilisation collective (secteur public, grandes entreprises) et les secteurs émergents (petites entreprises, emplois précaires...).

Pour les auteurs, il est faux que la logique du conflit ait fait place à celle de la négociation. La conflictualité, certes, évolue et prend des formes nouvelles, mais elle conserve pourtant tout son intérêt. L'idée d'un déclin tendanciel de l'activité revendicative tient d'ailleurs plus du mythe que de la réalité. La décroissance des conflits ne concerne, en fait, que la partie de ceux-ci propre à la société industrielle et centrée sur le salariat. La revendication économique en est le fer de lance et les formes archétypiques en sont les grèves et les manifestations.

Il semble cependant important de ne pas oublier que le conflit est d'abord et avant tout social et que le contrat de travail qui crée un rapport de subordination employeur-salarié est peut-être conflictuel par essence.