C'était une première : en octobre 2002, le syndicat allemand IG-Metall acceptait, avec le modèle 5000x5000 du constructeur allemand Volkswagen, que des salariés d'une grande entreprise soient rémunérés différemment pour le même travail. Il s'agissait de recruter 5 000 chômeurs payés 5 000 marks pour construire un nouveau modèle, Touran*.

Le nouvel épisode n'a que quelques semaines. Le 27 septembre dernier, la direction et IG-Metall ont convenu, après de longues négociations, d'étendre le modèle à un nouveau véhicule, la «Marrakech», future version 4x4 de la Golf. Dès 2007, l'engin sera monté à Wolfsburg, sur le site principal de VW en Allemagne, par 1 000 apprentis aujourd'hui encore en formation. Ils seront embauchés par Auto 5 000 GmbH, filiale de Volkswagen, qui produit déjà la Touran. Comme les anciens chômeurs, ils seront rémunérés environ 20 % de moins que leurs collègues de Wolfsburg. Leurs horaires seront également plus souples.

Sans ces concessions, la direction menaçait de produire son nouveau tout-terrain au Portugal. « Nous sommes heureux d'annoncer que [...] nous sommes parvenus aux réductions de coûts nécessaires d'environ 850 euros par véhicule », a déclaré Wolfgang Bernhard, le patron de la marque VW au sein du groupe. « Cette solution sauve des emplois en Allemagne et souligne l'attractivité de l'économie allemande », s'est félicité, de son côté, Hartmut Meine, négociateur en chef d'IG-Metall.

Mais ce nouveau modèle a déclenché un débat sur l'avenir du généreux accord-maison de VW, de 20 % supérieur au tarif des accords de branche. « L'accord conclu ne concerne qu'un tout petit nombre de salariés », selon Reinhard Bispinck, expert de la fondation Hans Böckler Stiftung, proche des syndicats. Selon Hagen Lesch, expert salarial à l'institut de recherche économique à Cologne (IW), «l'accord Marrakech» dévoile, en fait, l'orientation que Volkswagen entend suivre à l'avenir pour chaque nouveau modèle. « Dans quatre ans, l'accord maison aura disparu », prédit carrément Ferdinand Duddenhöfer, expert automobile réputé, rappelant que les usines VW à Wolfsburg ne tournent qu'à 70 % de leurs capacités.

Le constructeur, lui, se garde de remettre en cause son accord maison. Mais il veut économiser 5 milliards d'euros d'ici à 2008. « Tous ceux qui pensent que nous avons réglé les problèmes de VW se trompent. Cet accord n'est qu'un premier pas sur un très long chemin », a mis en garde Wolfgang Bernhard. Le ton est donné.

* Cf. Entreprise & Carrières du 25 au 31 janvier 2005.