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Dans le monde, le travail tue de plus en plus

L'actualité | L'événement | publié le : 27.09.2005 | Jean-François Rio

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Dans le monde, le travail tue de plus en plus

Crédit photo Jean-François Rio

Le Bureau international du travail évalue, dans un nouveau rapport alarmant, à 2,2 millions par an le nombre de décès liés au travail. Le chiffre, largement sous-évalué, est en progression par rapport à 2002.

On se demande bien à quoi servent les rapports et les cris d'alarme lancés depuis Genève par le Bureau international du travail (BIT). Selon une nouvelle étude, publiée le 19 septembre, à l'occasion de l'ouverture du Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail (1), l'organisation internationale estime que le travail tue, chaque année, 2,2 millions de personnes - 5 000 morts par jour en moyenne -, soit une progression de 10 % par rapport à 2002.

Un triste bilan, qui reste bien en deçà de la réalité en raison des dysfonctionnements de la collecte des informations dans de nombreux pays. Illustration : quand l'Inde déclare 222 accidents mortels (réévalués à 40 000 par le BIT), la République tchèque en dénombre 231, alors que le nombre de salariés tchèques représente 1 % du nombre de salariés indiens. Autre exemple : l'Union européenne estime à 120 000 le nombre d'accidents mortels au travail dans l'ex-Europe des Quinze, que le BIT évalue à 122 000.

Maladies en baisse, accidents en hausse

Plus globalement, le rapport montre que, dans les pays industrialisés, le nombre de décès dus aux maladies professionnelles a tendance à baisser, mais que le nombre d'accidents mortels est en progression, en particulier dans les pays asiatiques, « où le phénomène est lié au développement rapide et à la forte pression engendrée par la mondialisation en matière de concurrence », souligne le BIT. Les économies modernes souffrent d'une recrudescence de maladies professionnelles, alors que les pays émergents sont confrontés aux risques d'accidents dans les secteurs de la mine, de l'agriculture et de la construction.

Les salariés jeunes, premières victimes

Les salariés jeunes (15-24 ans), moins expérimentés, sont davantage victimes d'accidents non mortels et de maladies professionnelles que les plus de 55 ans. Quant aux hommes, ils présentent, selon l'étude, un fort taux de risque de décès à l'âge actif (moins de 65 ans), alors que les femmes souffrent de maladies contagieuses dues au travail (paludisme lié au travail agricole, infections bactériennes et virales), de troubles psychologiques et de pathologies de longue durée du type TMS (troubles musculo-squelettiques).

Substances tueuses

Les substances dangereuses tuent environ 440 000 salariés par an, soulève l'organisation internationale, dont 100 000 décèdent après avoir été exposés à l'amiante. Au Royaume-Uni, selon des statistiques nationales, la fibre fait 3 500 morts par an, soit dix fois plus que le nombre de tués par accident du travail. Sur les 160 millions de cas de maladies professionnelles, 35 millions sont imputables aux produits chimiques.

Parmi les problèmes émergents, le BIT cite les facteurs psychosociaux, la violence, les effets de l'alcool, des drogues et du tabac, le stress et le VIH. « La plupart des travailleurs ne bénéficient pas de mesures légales préventives et ne recevront jamais de compensation en cas d'accident ou de maladie. La plupart, s'indigne Juan Somavia, directeur général du BIT, n'ont jamais vu ni médecin ni inspecteur du travail. Un travail décent est un travail effectué en sécurité, et nous sommes bien loin d'atteindre ce but. »

Actions préventives

Pour prévenir et réduire le nombre d'accidents et de maladies professionnelles, l'action internationale, nationale, régionale et au niveau de l'entreprise est un préalable, martèle le BIT. Lequel encourage l'utilisation des outils existants (convention sur la sécurité et la santé des travailleurs, normes sur la sécurité et la santé au travail...).

L'organisation plaide, par ailleurs, pour le renforcement des politiques nationales de santé-sécurité via la mise au point de dispositifs tripartites mêlant arsenal législatif, développement des capacités de l'inspection du travail ou encore partage des savoirs.

(1) Organisé pour la première fois aux Etats-Unis, à Orlando (Floride), le Congrès mondial sur la sécurité et la santé au travail, qui se tient tous les trois ans, est un gigantesque forum rassemblant plus de 3 000 professionnels (responsables sécurité, ergonomes, médecins du travail, inspecteurs du travail, scientifiques, formateurs...).

Auteur

  • Jean-François Rio