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les Acteurs cherchent leurs marques

Dossier | publié le : 27.09.2005 | Laurent Gérard

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les Acteurs cherchent leurs marques

Crédit photo Laurent Gérard

La réforme de la formation bouleverse le quotidien et les habitudes de travail des acteurs de la formation professionnelle continue. Responsables formation en entreprise, prestataires, Opca, salariés..., tous doivent revoir leur manière de penser et d'agir.

La réforme de la formation vous passe-t-elle encore par-dessus la tête, ou l'avez-vous prise en pleine figure ? Après avoir passé des heures sur une calculette, vous dites-vous que c'est définitivement une machine infernale, ou avez-vous déjà trouvé des solutions ? Concrètement, quasi «physiquement» pourrait-on dire, comment impacte-t-elle votre quotidien, vous, les acteurs de la formation : responsables formation en entreprise, prestataires, Opca, salariés... ?

Après avoir tenté d'analyser (sans en avoir évidemment fait encore le tour, vu l'aspect mouvant du sujet) les justifications politiques, juridiques, techniques, financières et pédagogiques de la réforme de la formation professionnelle continue, née de l'ANI de décembre 2003 et de la loi du 4 mai 2004, le temps est venu de se pencher sur ce que les acteurs de terrain ressentent à son propos.

Davantage de travail à budget égal

En première ligne, bien sûr, les responsables formation en entreprise, à la fois sujets subissants et acteurs centraux. Que ressort-il des enquêtes ? Qu'ils ont le sentiment que leur rôle sera certes renforcé par l'épreuve, mais au prix d'un alourdissement de leur charge de travail. Un alourdissement d'autant plus évident que les entreprises ne se montrent pas désireuses d'investir davantage - en budget ou en effectifs RH - du fait de la réforme.

Ce dont les responsables formation sont le plus fiers, pour l'heure, c'est de leur travail d'information mené auprès de leur DRH, de la direction générale et des managers. Nombre d'entre eux se sont également frottés à la catégorisation des actions du plan de formation, et, surprise, 57% estiment que celle-ci s'est déroulée plutôt de « manière positive » et « sans trop de difficultés ». La présentation des plans de formation 2006, dans les jours qui viennent, permettra d'en juger.

Des prestataires inquiets

Cet alourdissement de la tâche du RF, né de la complexité de la réforme, trouve une conséquence directe dans la relation entre entreprises et prestataires de formation : leur en demander encore plus, à moindre coût, sans garantie d'engagement. D'où les inquiétudes des prestataires, quels que soient leur statut juridique (privé, parapublic et public) et leur habitude d'un marché concurrentiel. Leurs premières réponses, qui ont pris la forme de quelques «catalogues DIF», simple découpage de cursus long en «morceaux» de 20 heures, ne sont qu'une esquisse. Difficile de dire ce que deviendront les relations demandeurs/offreurs au lendemain de la réforme : on imagine mal cependant qu'elles évoluent vers moins de tensions !

Accords imprécis

A propos de gestion des tension, certains croyaient enfin arrivé, grâce à la réforme, le grand soir de l'externalisation. Pour l'instant, il n'en est rien : la gestion de la formation reste une affaire interne.

Entre les deux (entreprises et prestataires), les financeurs de l'effort de formation, les Organismes paritaires collecteurs agréés (Opca), sont sujets à des bouffées de chaleur. Les accords de branche sont souvent insuffisamment précis pour définir une gestion claire des priorités. D'où un certain flou dans les relations avec les entreprises adhérentes qui trouvent des interlocuteurs indécis.

Conséquences : certains directeurs d'Opca expriment par des mots très rudes, mais sous couvert d'anonymat, tout le «bien» qu'ils pensent de la réforme et de son pilotage. Et certaines administrations de collecteurs ne peuvent que renvoyer les entreprises vers leurs syndicats professionnels ! Il faut dire que tout porte à « pinaillage juridico-intellectuel », comme l'analyse Philippe Bernier, de Caraxo-Conseil.

Deux acteurs en retrait

Restent deux acteurs pour le moment en retrait : le salarié, qui n'a pas encore pris la mesure des nouvelles opportunités de formation ; et les instances représentatives du personnel, qui n'ont toujours pas investi ce nouveau champ de négociation. Deux protagonistes qu'il faudra suivre de près dans les mois qui viennent.

L'essentiel

1 La réforme de la formation professionnelle continue se traduit déjà par plus de travail et plus de responsabilité pour les responsables formation, estiment ces derniers. Parallèlement, les prestataires de formation craignent de voir monter la tension entre eux et les entreprises clientes qui vont demander plus de souplesse pour moins de budget.

2 Les Opca, par lesquels transite une partie importante de l'effort de formation, ne sont pas toujours bien outillés pour répondre aux demandes des entreprises adhérentes : nombre d'accords de branche sont insuffisamment précis pour permettre une gestion claire des priorités.

Auteur

  • Laurent Gérard