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« L'ensemble manque de cohérence »

Dossier | publié le : 27.09.2005 | Martine Doriac

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« L'ensemble manque de cohérence »

Crédit photo Martine Doriac

Pour Jean Wemaëre, président de la Fédération de la formation professionnelle (FFP), qui réunit 300 prestataires de formation à statut privé, la réforme en cours donne plus de lisibilité à la formation, mais l'alternance est menacée et la multiplicité des accords de branche ne facilite pas la tâche.

E & C : La réforme rend-elle le travail des organismes de formation plus complexe ?

J. W. : Tout dispositif qui s'ajoute à ce qui existe déjà complexifie la tâche. Mais la réforme donne plus de lisibilité à la formation, centrée, désormais, sur la compétence. Avant, nous fonctionnions avec une nébuleuse de publics, de dispositifs et de financements, sans fil conducteur. Maintenant, avec le contrat de professionnalisation pour les jeunes, la période de professionnalisation, l'entretien professionnel et le passeport de formation pour les adultes, toute une architecture se construit autour de la compétence, en lien avec la gestion des ressources humaines.

Cet accès par les compétences nous fait entrer de plain-pied dans le champ des ressources humaines. C'est assez novateur. Avant la réforme, la formation relevait de la transmission d'un savoir pur. Aujourd'hui, nous sommes directement dans l'économie de marché, et la formation doit déboucher sur un résultat. On ne forme plus pour former. On forme pour faire acquérir une compétence qu'on a, au préalable, évaluée et qu'on va, a posteriori, valider.

La compétence, c'est la capacité qu'a un individu, en mobilisant des ressources, à produire un bien ou un service en situation professionnelle. C'est un concept dynamique qui débouche sur un résultat mesurable. Cela incite à mettre en place des outils d'acquisition et de validation des compétences. C'est le sens de la certification professionnelle mise au point récemment par la FFP. C'est un élargissement de notre métier.

E & C : Cette vision optimiste est-elle partagée par tous vos adhérents ?

J. W. : La seule difficulté, c'est la fin de l'alternance, dans sa double fonction : l'apprentissage d'un métier validé par un diplôme avec des compétences transversales, avec une phase en entreprise et une phase en formation. Le contrat de professionnalisation limite la formation à des durées courtes, dans le cadre de métiers spécifiques. Il ne remplace pas le contrat de qualification. Nos craintes dans ce domaine étaient fondées. Les organismes qui oeuvraient dans le secteur de l'alternance souffrent. Mais cela oblige tous ceux qui travaillent avec les entreprises à réfléchir à la notion de compétence et à s'ouvrir à la GRH.

E & C : La réforme accélère-t-elle la disparition des petites structures ?

J. W. : La mise en place d'un référentiel de compétences peut se faire quelle que soit la taille de l'organisme. Les petits sont assez réactifs. Ils travaillent souvent sur des niches.

E & C : Et le DIF, comment se met-il en place ?

J. W. : On en parle plus qu'on en fait. Il se met en place très timidement. Les demandes sont orientées sur des besoins transversaux, en langues, en informatique, en communication ou en management. Mais nous avons peu de recul. Et nous ne savons pas toujours, quand une entreprise nous contacte, si la formation prévue relève du DIF ou du plan.

Pour répondre aux demandes de nos adhérents et des entreprises, la FFP a conçu un contrat type DIF, tripartite, à signer entre le salarié, l'entreprise et l'organisme. Il valide le fait que le salarié est demandeur et s'engage vis-à-vis de sa formation. C'est un usage qui commence à se mettre en place.

E & C : Où en sont les relations des organismes avec les Opca et les branches ?

J. W. : Depuis le rapport Brunhes, elles se sont améliorées. Nous avons signé un accord avec l'Agefos-PME. Mais la réforme a instauré des règles spécifiques à chaque Opca, que les organismes de formation doivent connaître mais que les collecteurs ne veulent pas diffuser. Ils ont toujours une certaine propension à garder pour eux leurs décisions. Ajouté au fait que les accords de branche ne sont pas facilement compréhensibles ou peuvent être interprétés différemment, cela nuit à la cohérence de l'ensemble au moment où l'on avait besoin d'un discours clair et simple sur la réforme.

Pour y remédier, la campagne lancée par les partenaires sociaux, le 13 septembre, avec l'ouverture d'un site portail qui permet de prendre connaissance du contenu des accords de branche. Cette initiative répond à une demande de la FFP, au ministre Gérard Larcher, d'une plus grande lisibilité des accords.

E & C : Avez-vous noté des disparités importantes dans ces accords ?

J. W. : Les seniors sont traités différemment d'une branche à l'autre. Certaines branches les rendent prioritaires pour la professionnalisation et le DIF. Dans les assurances, par exemple, le déblocage de 120 heures de formation est possible immédiatement pour les plus de 45 ans.

Pour les contrats de professionnalisation, le niveau de formation devient une condition d'éligibilité. Pour certaines branches, ce sont les bac + 2. Pour d'autres, les bac professionnel ou les bac + 3.

Auteur

  • Martine Doriac