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Le délicat tournant de l'individualisation

Dossier | publié le : 27.09.2005 | M. D.

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Le délicat tournant de l'individualisation

Crédit photo M. D.

Modularisation et VAE pour compenser des financements réduits : les Greta plaident auprès des branches pour qu'elles abondent sur des durées de formation plus longues.

La loi du 4 mai 2004 complexifie le travail des groupements d'établissements du second degré public (Greta), reconnaît Patrick Chauvet, chef de bureau formation continue au ministère de l'Education nationale. « Auparavant, poursuit-il, avec les entreprises, le dialogue reposait sur une base commune et des règles de financement cohérentes. Maintenant, le conseiller en formation doit connaître la branche à laquelle l'entreprise se rattache et les règles auxquelles elle se réfère. Dans un contexte qui privilégie les formations brèves, des abondements sont possibles, mais il faut discuter au cas par cas et demander des dérogations. Toutefois, le dialogue s'instaure avec les branches, avec une sensibilité à la formation jugée plus grande qu'avant. »

Un des espoirs des Greta est que les diplômes professionnels de l'Education nationale - CAP, bac pro ou BTS - soient « plus lisibles qu'une certification », et conservent leur attrait. « Analysés selon des référentiels métier et découpés en unités élémentaires, ils peuvent intégrer la validation des acquis de l'expérience », promet Patrick Chauvet.

S'adapter aux besoins individuels

Autre conséquence de la réforme, à laquelle sont confrontés les Greta comme tous les autres prestataires de formation : sortir de la logique du catalogue inter pour s'adapter aux besoins individuels. « Depuis la création des ateliers pédagogiques personnalisés (APP) et des unités capitalisables, les Greta ont l'expérience de l'individualisation », ajoute Jacques Chéritel, délégué académique à la formation continue (Dafco) de l'académie de Créteil (départements 77, 93 et 94). Il a publié, début septembre, un catalogue formation modules courts-DIF bâtiment-industrie» proposant 175 formations de très courte durée, depuis «les astuces du bricoleur» à «l'étude des systèmes automatisés du véhicule», en passant par la domotique et l'immotique (services et infrastructures de l'immobilier d'entreprise).

Revisiter les dispositifs

« La loi nous oblige à revisiter tous nos dispositifs et à faire cohabiter dans un même groupe des gens aux parcours très différents, souligne-t-il. Certains ne suivent qu'une partie de la formation, d'autres viennent pour un perfectionnement ou un DIF. Les cercles culinaires, qui marchent bien, peuvent réunir un cuisinier, une mère de famille et un jeune. Hélas, cette individualisation a un coût dont les branches ne veulent pas entendre parler. Nos frais d'ingénierie pédagogique ne sont pas pris en compte. La modularisation des diplômes a été financée par le Fonds social européen. Et nos charges de structures, quand il faut accueillir 30 à 40 personnes en entrées et sorties permanentes plutôt qu'un groupe de 10 à 15 participants, sont plus importantes. »

La diminution des durées de formation reste contraire à l'esprit maison. « A trop réduire les durées de formation, on risque de les affaiblir et d'aller vers de l'adaptation plus que vers de l'élévation du niveau de qualification, le véritable enjeu dans une économie mondialisée », insiste Patrick Chauvet, qui renvoie aux branches le soin de s'interroger sur les finalités de la réforme.

Temps de formation trop court

« Un diplôme de l'Education nationale ne se prépare pas en six mois », renchérit le Dafco de Créteil, qui remarque que l'Opcaim (Opca de la métallurgie) prend en charge l'action de formation à hauteur de 15 % à 25 % du contrat de professionnalisation, dont la durée fixée par la branche va de six à douze mois, soit le minimum légal, alors que le bâtiment, pour les formations conduisant à des diplômes ou à des certifications, participe à des contrats allant jusqu'à deux ans. « L'Education nationale a une vocation universelle. Or, la verticalisation de la loi, dans sa logique de branches, oblige à des spécialisations », déplore-t-il, en regrettant que la réforme se fasse au détriment de la dimension territoriale, qui permettait des partenariats locaux : « La tâche des PME est rendue plus difficile. »

Au final, l'équilibre reste à trouver dans le nouveau triangle formateur/prescripteur/bénéficiaire. « Avant, nous nous adressions aux DRH. Maintenant, il faut s'adresser aussi aux bénéficiaires et à l'encadrement de proximité, qui va mener les entretiens », note encore Jacques Chéritel.

Estimant que l'information reste à faire pour que la loi s'applique, les Greta vont éditer une plaquette, d'ici à la fin de l'année, pour valoriser les aspects positifs de la réforme.

Auteur

  • M. D.