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Les Pratiques

Port de bouteilles de gaz : une lourde charge

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 06.09.2005 | Christian Robischon

Membre du CHSCT de Stogaz, une filiale de Total, Joël Dupetit a étudié la question, jusqu'alors ignorée, des effets sur la santé du port des bouteilles de gaz.

Cela semble évident : la santé du chauffeur-livreur de bouteilles de gaz doit être affectée par le port, à longueur de journée, de lourdes charges. Pourtant, cette question n'avait été étudiée ni par les entreprises (Butagaz, Air Liquide, Totalgaz, Antargaz...), ni par les organismes de prévention (INRS, Cnam, notamment). Alors, Joël Dupetit, salarié alsacien de Stogaz (filiale de Total), a mené lui-même l'enquête. Son verdict : un chauffeur-livreur soulève quotidiennement entre 11 et 13 tonnes. Chaque «mouvement» (déplacement de deux bouteilles pleines vers le casier du client et récupération de deux vides) totalise 78 kg. Excessif ? Oui, selon un décret de 1992 qui fixe à 55 kg la charge maximale unitaire sauf avis médical, autorisant à dépasser ce plafond.

La Cram relativise

Joël Dupetit a aussi confronté ses calculs à l'indice de l'INRS et de la Cnam de «capacité énergétique» , qui détermine le poids que l'on peut manipuler en un jour en fonction de la charge unitaire : « A 11 tonnes, nous sommes au double de ce qui est préconisé », affirme-t-il. La Cram d'Alsace-Moselle relativise cet indice : dans l'absolu, il n'autoriserait à soulever que quelques kilos à la fois. La Caisse régionale va cependant capitaliser sur le travail de Joël Dupetit en lui donnant un contour plus scientifique. L'un de ses inspecteurs a déjà suivi les chauffeurs en juillet.

Joël Dupetit a, également, mené une enquête de santé auprès de 15 de ses collègues de plus de 50 ans. D'où il ressort qu'entre la moitié et les trois quarts se plaignent de TMS, de problèmes de dos, de douleurs aux épaules, ainsi que d'une fatigue générale.

Membre du CHSCT, il souhaiterait faire reconnaître la pénibilité de son métier et, ainsi, « obtenir des départs anticipés à la retraite ou des aménagements de fin de carrière ». Et réduire les cadences ! « Pourquoi ne pas fixer un quota de tonnes à livrer par jour, plutôt qu'un objectif en nombre de clients ? », lance-t-il.

Pour Stogaz, la pression du client n'explique pas tout : si les chauffeurs déplacent deux bouteilles à la fois, c'est aussi pour revenir plus vite chez eux. « Nous ne partons pas de rien : fin 2004, nos 130 chauffeurs ont suivi la formation gestes et postures », rappelle Patrice Carpentier, responsable sécurité de Stogaz. Joël Dupetit, lui, demande une formation spécifique à son métier. Les deux «parties» vont confronter leurs points de vue et rechercher des pistes d'amélioration. Elles se retrouvent sur un premier point : il est possible de réduire la pénibilité sans plomber les budgets, par l'adaptation du matériel, en utilisant, par exemple, des chariots pliables.

Auteur

  • Christian Robischon