Pour faciliter la reconversion des salariés du secteur textile-habillement, l'Afpa de Saint-Dié (Vosges) conduit, pour le Goth (Groupe opérationnel textile-habillement associant l'Etat, la région, le département et les partenaires sociaux), une opération de VAE destinée à valoriser leurs compétences auprès d'autres secteurs. Le plan textile permettant, en Lorraine, de financer des formations d'anticipation des mutations économiques en prenant en compte les démarches individuelles, 200 salariés des entreprises Garnier-Thiébaut à Gérardmer, Peltex à Saint-Dié, Lormode à Saint-Nabord (Remiremont), Mény à Gérardmer, ainsi que 340 licenciés ont reçu une information qui a suscité 117 dossiers VAE (dont 74 déposés par des femmes) auprès de la DDTEFP, explique Guy Chaumont, ingénieur de formation à l'Afpa Lorraine, détaché à Saint-Dié pour faciliter ces démarches.

Dans un secteur où la moyenne d'âge approche 50 ans, le taux de retour à l'emploi durable, en cas de licenciement, ne dépasse pas 15 % pour les personnes qualifiées, 9 % pour les non qualifiées. Toutes pâtissent de l'image négative du textile, liée à sa mauvaise santé, à des méthodes managériales laissant peu d'initiative aux opérateurs et au manque de formalisation des processus qualité. « Les industriels locaux, parfois issus du textile, en conservent une image peu dynamique, alors que la filière, qui emploie encore 4 000 personnes, a, jusqu'en 2000, augmenté ses capacités de production et s'est modernisée. La qualité des produits est reconnue. Les salariés ont des compétences transférables, mais ils n'en sont pas convaincus. Ils se disent que les technologies qu'ils utilisent ne leur permettront pas de trouver du travail ailleurs. Dire «j'étais piqueuse» ferme les portes. Expliquer que l'on sait travailler sur une machine, effectuer un perçage, ouvre des perspectives », constate Guy Chaumont.

Utilisée comme outil de reclassement, la VAE permet une prise de conscience et valorise des personnes non qualifiées qui apprennent à décrire ce qu'elles font, verbalisent leurs compétences devant un jury composé de professionnels d'autres secteurs. « Ce qui compte, souligne le facilitateur de l'Afpa, ce n'est pas le fait de certifier des compétences, mais de les posséder. » Une cinquantaine d'opérateurs et de demandeurs d'emploi ont, pour l'instant, obtenu une certification de conducteur d'installations et de machines automatisées (Cima), d'agent de fabrication industrielle (AFI) ou de technicien de maintenance industrielle, technicien de production sur lignes automatisées (TMI/TPLA). Mais ces résultats ne sont pas à la hauteur des attentes du Goth. Les réticences des salariés et des dirigeants sont encore nombreuses. Pour stimuler l'opération, la remise des titres a été diffusée sur la chaîne locale.