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Les Pratiques

Les atouts des CE ont conquis les Polonais

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 30.08.2005 | François Gault, à Varsovie

Les comités d'entreprise européens, impulsés par une directive communautaire, gagnent leur place dans le dialogue social polonais. Au point de réactiver aussi les simples CE.

En Pologne, les comités d'entreprise européens ont la cote. Véritables «plates-formes d'informations et de consultations», ils ont fini par s'imposer, dix ans après l'adoption de la directive de l'Union. Ils fonctionnent bien dans de nombreuses sociétés multinationales : Unilever, Pernod-Ricard, Danone, EDF, Whirpool, Valeo, Carlsberg parmi d'autres... « Les premiers résultats ont été enregistrés dans le domaine des informations et des prévisions pour l'entreprise ! Et, grâce à ces informations, nous avons pu parfois sauver des emplois et faciliter des réinsertions ! », constate Mirek Nowicki, responsable de la branche agroalimentaire au syndicat Solidarnosc. Autres avantages : le renforcement des liens avec la direction, le développement des RH, les contacts intersyndicaux, l'amélioration des processus de négociation locale... Impulsé par l'Union européenne, ce mouvement n'a vraiment commencé qu'en 2003.

Forum des employés

Et, par mimétisme, les CE européens sont en train de provoquer un rebond pour les CE nationaux (ou pour les structures qui en tiennent lieu), non seulement dans les grandes entreprises, mais aussi dans les grosses PME. Dans les entreprises de la Pologne sous régime communiste, les CE existaient déjà comme «forum des employés» ou «conseil des travailleurs». Ils ont été supprimés en 1987. Aujourd'hui, le gouvernement veut les réanimer. Hostiles, les syndicats ne voient pas encore les avantages de l'opération. Dans ces nouveaux CE, ils redoutent la concurrence des salariés élus, éventuellement non syndiqués ou appartenant à de mini syndicats ; il en existe 200 dans tout le pays. Ils parlent de dérives et de risque de «dumping social». Le faible taux de syndicalisation (15 %) explique sans doute ces craintes.

Influence positive

Et le système de négociations sociales n'arrange rien : en Pologne, 30 % des salariés sont couverts par des négociations d'établissement ; 10 % seulement par des négociations collectives de branche. Pourtant, les syndicats l'admettent : « L'influence des CE européens est positive. Nous en sommes partisans, explique Mirek Nowicki. Nous sommes conscients qu'ils aident les représentants des syndicats à une compréhension plus vaste des réalités et de la stratégie de l'entreprise, donc qu'ils facilitent et renforcent le dialogue économique et social ! »

Face aux délocalisations vers l'Est, qui finiront bien par toucher aussi la Pologne et les pays d'Europe centrale, les syndicats polonais commencent à être convaincus que demain, les CE nationaux, comme les CE européens aujourd'hui, peuvent apporter une plus grande protection sociale. « Cela peut même faciliter l'harmonisation sociale progressive par le haut », dit encore Mirek Nowicki.

Auteur

  • François Gault, à Varsovie