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Les Pratiques

Le groupe Vetura tente de maintenir les emplois

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 30.08.2005 | Diane-Isabelle Lautrédou

A la fin du règne de la famille Ouaki, en 2004, près de 500 emplois sur 997 étaient menacés. Le groupe Vetura, propriétaire de la marque Fabio Lucci, lui succède et limite les licenciements à 300 postes. Retour sur un sauvetage in extremis.

«En vacances comme la plupart des salariés, c'est en allumant la télévision que j'ai appris que Tati était en redressement judiciaire. Ce fut un choc », se souvient Véronique Clery, déléguée syndicale CGT. Suit une période d'observation de dix mois. Dès février 2004, 48 postes sont supprimés au siège social. Finalement, le tribunal accorde à Fabien Ouaki, Pdg du groupe, un dernier sursis de deux mois. Une rumeur évoque près de 500 licenciements. Le dirigeant ne parvient pas à présenter un plan de continuation viable.

Plan de cession inévitable

La seule issue reste le plan de cession. A peine évoqué, celui-ci attire 12 candidats potentiels, mais seuls Asiatex et le groupe Vetura franchiront la ligne d'arrivée, fin juillet 2004. Favori depuis le début, le groupe Vetura remporte la mise le 5 août, déboursant 14,5 millions d'euros, hors dettes. Cinq magasins sont exclus de cette reprise. Le suspense continue donc pour 87 salariés. Finalement, le 29 octobre 2004, Alice Media Store, spécialiste de produits culturels, récupère trois magasins : Bordeaux, Strasbourg et Paris-Réaumur. De son côté, la société de hard discount Boxer remporte les magasins de Creil (60) et de Saint-Denis (93).

Plan de reclassement pour 239 salariés

A peine quinze jours après son rachat, Tati SA devient Tati Développement et Lucien Urano, Pdg du groupe Vetura, définit sa stratégie : « Essayer de sauvegarder 700 emplois et d'en créer demain. » 400 000 euros sont investis, sur une période de deux ans, dans le plan de reclassement des 239 salariés non repris. Les dispositifs mis en place prévoient, entre autres, une prime de reclassement de 1 000 euros pour tout salarié retrouvant un emploi à durée déterminée ou indéterminée dans les six mois suivant son licenciement. De même, un employeur recrutant un salarié Tati se voit récompensé d'une somme de 1 500 euros. Les créateurs d'entreprise bénéficient, quant à eux, d'une aide de 1 500 euros.

Arcade Conseil, cabinet de reclassement missionné par le groupe jusqu'à mars 2006, révèle que 65 personnes sont volontairement parties et que 6 autres constituent encore la cellule liquidative chargée des dernières formalités administratives jusqu'à ce mois de septembre. Arcade Conseil a donc suivi 168 personnes. Parmi elles, 46 sont toujours à la recherche d'un emploi ; 44 ont retrouvé un poste ; 44 suivent une formation ; 15 se sont placées en indisponibilité ; 9 sont en fin de contrat ; 9 créent leur entreprise et 1 réalise un bilan de compétences pour trois mois. « Les personnes les plus difficiles à reclasser ne sont pas les caissières ni les manutentionnaires car les magasins en ont toujours besoin. Le dégraissage s'est fait au niveau des postes administratifs. Près de 80 personnes ont perdu leur place au siège. Sur 20 salariés qui avaient rejoint le siège social de Vetura, il reste à présent 12 administratifs », regrette Véronique Clery.

A ce dispositif s'ajoute l'ouverture de trois extensions de Tati Mariage : à Pontault-Combault (77), à Boulogne-sur-Mer (62) et à Marseille (13). Puis, un nouvel établissement de 4 000 m2 à Fleury-Mérogis (91). Au total, une quarantaine de postes à durée indéterminée ont été créés. Deux inaugurations les compléteront d'ici à quelques mois, à Beauvais (60) et à Grenoble (38), portant le nombre d'emplois créés à 60.

Transition assez sereine également pour les salariés d'Alice Media Store, qui ont dû suivre une formation de six mois sur les produits culturels et de librairie. « Ils étaient 22 employés sur le seul site de Bordeaux. Au moment de l'ouverture des magasins, en décembre dernier, 16 d'entre eux avaient jeté l'éponge, n'adhérant pas au concept. Ils ne sont plus que 3 aujourd'hui. La majorité a réussi à trouver un autre travail », souligne Elie Garcia, ex-délégué CGT Tati, qui a réussi cette reconversion.

Sites problématiques

Un peu plus problématique, la reprise par Boxer des magasins de Saint-Denis et de Creil, qui sont toujours fermés pour cause de loyers impayés. La direction n'a pas souhaité s'exprimer, mais il semblerait que la situation se soit corsée pour les salariés. « Sur la trentaine de salariés, 14 ont voulu rester. Actuellement, ils ne sont plus que 3. Le dirigeant a fait l'impasse sur les acquis que nous avons depuis des années. Il avait pourtant promis, devant le tribunal, de les conserver. Si cette idée venait à Lucien Urano, nous n'hésiterons pas à nous mettre en grève pour la première fois depuis l'histoire de Tati », prévient Suzette Bochard, déléguée CFTC, majoritaire chez Tati.

Enfin, les 78 salariés de Premium Logistics, ex-Giraud Logistique, branche transport de Tati exclusive à l'enseigne, n'ont pas eu plus de chance puisque leur contrat a tout simplement été rompu, les excluant du plan de reclassement.

Auteur

  • Diane-Isabelle Lautrédou