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Près de 3 millions de salariés en danger

L'actualité | publié le : 30.08.2005 | Jean-françois Rio

Alors que le port de Bordeaux et plusieurs de ses sous-traitants viennent d'être condamnés pour «faute inexcusable» dans la contamination à l'amiante de dockers, deux rapports de la Dares font le point sur l'exposition des salariés aux substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.

Le port autonome de Bordeaux, ainsi qu'une dizaine de ses sous-traitants ont failli à leur obligation de protection des salariés. Tel est le sens de la décision du tribunal des affaires sociales (Tass) de Bordeaux, qui a reconnu, le 18 août dernier, la «faute inexcusable» de ces entreprises dans la contamination à l'amiante de dix-sept dockers.

Une étude de la Dares portant sur 2003 (enquête Sumer confiée à la Dares et à la DRT) évalue à plus de 100 000 le nombre de salariés exposés à l'amiante. Au total, 13,5 % des salariés, soit 2 370 000 personnes, sont au contact de cancérogènes ; 70 % sont des ouvriers, suivis par les professions intermédiaires de l'industrie et du secteur de la santé (20 %).

Des secteurs plus dangereux

Les secteurs les plus dangereux sont la construction, le commerce et la réparation automobile, la métallurgie et la transformation de métaux, les industries du bois et du papier, l'industrie des minéraux et la chimie. Ce sont les salariés travaillant dans la maintenance qui sont les plus exposés, une fois et demie plus que ceux de la production et quatre fois plus que les salariés de la manutention, du magasinage ou du transport. Les jeunes en apprentissage ou en formation, très présents dans les métiers de l'entretien et de la réparation, sont aussi les plus concernés par le risque cancer : 19 % contre 15 % pour les intérimaires ; 10 % pour les CDD et 14 % pour les CDI.

Produits toxiques

La Dares relève, dans une seconde étude, qu'environ 186 000 salariés sont exposés à des produits mutagènes (susceptibles d'entraîner des mutations génétiques) et près de 180 000 à des produits reprotoxiques (dangereux pour la reproduction). Pour les salariés au contact de substances mutagènes, les activités les plus sensibles sont la maintenance, la production, la recherche, les études, les méthodes et l'informatique.

Les produits toxiques les plus utilisés sont le chrome et ses dérivés (58 % des cas) et le benzène (25 %). Pour ceux-ci, les catégories les plus exposées sont les ouvriers qualifiés de la métallurgie (10 %) et de la mécanique (7 %), puis les techniciens et les agents de maîtrise de ces mêmes secteurs (5 %).

Les activités les plus utilisatrices de produits mutagènes sont la métallurgie (5 % de salariés exposés), la chimie-caoutchouc-plastique (4 %) et l'industrie des équipements mécaniques (3 %). Concernant les produits reprotoxiques, dont les éthers de glycol et le plomb, les secteurs à risque sont l'industrie (48 % des salariés exposés), les services aux entreprises et la construction (15 %). Là encore, les ouvriers (63 %) et les professions intermédiaires sont les plus touchés par ces expositions.

Auteur

  • Jean-françois Rio