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« Les entreprises doivent créer des rites de croyance »

L'actualité | L'INTERVIEW | publié le : 30.08.2005 | EMMANUEL FRANCK

E & C : Vous avez publié, cet été, une note de conjoncture sur la situation sociale et managériale en France. Quels sont vos constats ?

D. P. : Le marché du travail se radicalise. D'un côté, la paupérisation de ceux qui en sont exclus explose ; de l'autre, la rupture émotionnelle entre le salarié et son employeur s'accentue. Les salariés ne comprennent plus l'orientation et le rythme de leur entreprise, et ne saisissent plus le sens de leur travail. L'interventionnisme financier impose son rythme économique, et non humain, à l'entreprise ; les dirigeants privilégient l'intérêt des actionnaires et leur carrière avant de s'intéresser aux salariés ; et les modèles de management ne sont plus adaptés au contexte actuel. En conséquence, les personnes se protègent en privilégiant les valeurs individuelles au détriment des collectives. Le danger, pour l'entreprise, est que son intérêt économique et l'intérêt individuel du salarié continuent de se désolidariser.

E & C : Comment l'entreprise peut-elle se donner du sens ?

D. P. : Tout le monde est d'accord pour reconnaître que l'entreprise poursuit d'abord une finalité économique. Mais ce ne peut être la seule. Il faut, aussi, créer des rites de croyance afin d'aider les salariés à comprendre leur place dans l'entreprise. Par ailleurs, il faut repenser les modèles de management. On ne peut pas appréhender les jeunes salariés actuels comme on le faisait dans les années 1980. Confrontés au sida, à la précarité, à la crise économique, les salariés sont, désormais, formatés pour se protéger. Ils n'acceptent pas les mêmes formes d'autorité que leurs aînés, et veulent d'abord comprendre avant d'agir.

E & C : Comment percevez-vous cette rentrée sociale ?

D.P. : Elle sera classique. Par principe, les syndicats vont s'arc-bouter contre les ordonnances de Dominique de Villepin, et tenteront d'occuper la rue pour faire pression sur le gouvernement.

Auteur

  • EMMANUEL FRANCK