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Enquête

(re)donner aux SALARIeS le plaisir de travailler

Enquête | publié le : 30.08.2005 | Violette Queuniet

Peur pour leur emploi, défiance vis-à-vis du management : la morosité gagne du terrain chez les salariés. Des entreprises commencent à s'en inquiéter. Parmi les moyens utilisés pour enrayer cette morosité : une meilleure écoute des collaborateurs et un management en conformité avec les valeurs prônées.

Pessimisme quant à l'avenir, mécontentement grandissant vis-à-vis des conditions de travail, défiance à l'égard des patrons : depuis le début de l'année, sondages et enquêtes se succèdent qui font régulièrement le constat d'une morosité des salariés français. Il faut dire que les raisons de se faire du souci abondent. L'enquête TNS Sofres, menée auprès de 4 000 salariés (1), révèle ainsi « qu'environ un salarié sur deux a été récemment fragilisé : 38 % ont douté de leur valeur professionnelle ; 37 % ont été menacés dans leur emploi ; 20 % ont connu le chômage ; 23 % ont vécu une fusion ou un rachat de leur entreprise (34 % dans les grandes entreprises) ».

Prise de distance

De son côté, Right Management Consultants, qui vient de sortir la cinquième édition de son «Indice de confiance professionnelle», constate que « la France est le seul pays européen où la confiance professionnelle des salariés diminue », alors qu'elle augmente sensiblement ailleurs (l'indice est de 48,8 en France contre 52,7 au niveau mondial).

Conséquence : une prise de distance très nette des salariés non seulement vis-à-vis de leur entreprise mais aussi de leur vie professionnelle. Il n'est plus aujourd'hui question de sacrifier sa vie personnelle pour réussir sa vie professionnelle (65 % s'y refusent ; c'était la proportion exactement inverse il y a quinze ans !) et, surtout, l'indice de confiance vis-à-vis des dirigeants est en chute libre : 26 % seulement des salariés sont attachés à leur employeur, et 21 % lui font confiance, contre 37 % en 1997 !

Donner l'envie de travailler

Dans un tel contexte, la tâche du DRH ou du chef d'entreprise est rude : comment motiver les troupes, les faire adhérer à de nouveaux projets, tout simplement, donner aux gens l'envie d'aller travailler le matin ? Un sujet qui commence à préoccuper les patrons. C'est le cas du Medef des Bouches-du-Rhône, dont le thème de l'université d'été, qui se tiendra le 9 septembre prochain, est « Le bonheur est-il aussi dans l'entreprise ? ».

Problème de démotivation

« Les chefs d'entreprise sont confrontés à un vrai problème de démotivation des salariés, qui dépasse celui de motivation classique. Les médecins du travail, le CHSCT s'en font l'écho auprès d'eux. Si nous avons décidé d'organiser ce forum, c'est pour essayer de comprendre quelles sont les clés du plaisir de travailler », explique Thierry Debaille, du Medef des Bouches-du-Rhône.

L'entreprise Michelin a lancé une enquête sur la motivation de son personnel. Première question : « Lorsque je me lève le matin, ai-je envie d'aller travailler ? » Dans le grand Ouest, les entreprises des clubs Cedre, associations de patrons progressistes, planchent sur le thème «Le manager et la motivation». « Les salariés, quel que soit leur niveau dans l'entreprise, aspirent de plus en plus à comprendre leur travail et à lui donner du sens. Ils veulent être consultés, écoutés et que leurs aspirations soient prises en compte », affirme Louis Le Gall, qui anime le club Cedre du Finistère.

Insatisfaits, mais aimant leur travail

Car, paradoxe, souligné par les mêmes études qui font état de l'insatisfaction de salariés : ils aiment leur travail. « Les deux tiers sont satisfaits du contenu de leur travail », selon l'enquête TNS Sofres. L'Observatoire Cegos faisait également le même constat en 2004, auprès d'un échantillon de 3 200 salariés.

Le travail est sans doute porteur de davantage d'attentes aujourd'hui... et donc de déceptions, comme le souligne Florence Osty, sociologue : « On se construit désormais une identité par le travail, ce qui est nouveau par rapport aux Trente Glorieuses, où cela était réservé à une élite. Mais les situations de travail permettent rarement la reconnaissance liée à cette construction identitaire, d'où la plainte lancinante de tous ceux dont on ne reconnaît pas les compétences. »

Meilleure prise en compte des salariés

Contre cette morosité, pas d'outil miracle, mais une meilleure prise en compte des salariés, au niveau de la rémunération, de la prise de décision, de l'engagement dans des projets. Et contre le déficit de confiance, des entreprises jouent la cohérence entre la politique RH et le projet de l'entreprise, comme chez Beauté Prestige International (BPI) (voir page 15), avec un enseignement majeur : « Ce n'est jamais gagné, il faut en permanence se remettre en question pour faire coïncider les valeurs de l'entreprise, et, notamment, les valeurs humaines, avec l'action au quotidien », indique Dominique Vercoustre, directeur général adjoint de BPI. La mission du DRH, en somme.

* Enquête TNS Sofres/Cap Gemini A l'écoute des Français au travail, 5 janvier 2005.

L'essentiel

1 Les salariés sont gagnés par la morosité et la confiance dans leurs dirigeants est au plus bas.

2 Les entreprises commencent à s'en préoccuper et tentent d'être davantage à l'écoute de leurs salariés.

3 La restauration de la confiance passe notamment par une mise en cohérence des pratiques RH et du projet de l'entreprise.

Auteur

  • Violette Queuniet