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Enquête

« L'entreprise doit rétablir le contact avec les salariés »

Enquête | ENTRETIEN AVEC | publié le : 30.08.2005 | V. Q.

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« L'entreprise doit rétablir le contact avec les salariés »

Crédit photo V. Q.

E & C : Qu'est-ce qui explique le mauvais climat généralisé dans les entreprises ?

J.-L. F. : Les dirigeants n'écoutent pas suffisamment les salariés, ce qui conduit à une défiance réciproque, et le fossé se creuse, de nombreux sondages le montrent. Nous sommes, aujourd'hui, face à deux mondes qui se comprennent mal. Les salariés ont trop souvent l'impression que leur expression n'est pas prise en compte.

Deuxième cause : depuis vingt ans, les personnes ont vécu des restructurations qui se sont, la plupart du temps, passées dans la douleur. Ils jugent l'entreprise sur ces faits qui, paradoxalement, sont systématiquement minorés, alors même que l'entreprise a le culte du résultat. Un management qui tient compte de ces faits avérés sera pourtant plus à même de comprendre et de mobiliser les équipes.

E & C : Que préconisez-vous ?

J.-L. F. : L'entreprise doit remettre l'homme au centre de son système et rétablir le contact avec les salariés. Cela peut se faire, par exemple, par le biais des études de climat social. Or, seulement un tiers des DRH ont fait une étude de ce type ces trois dernières années. Le résultat de telles études peut être redoutable, mais aussi extrêmement bénéfique, à condition que cela soit suivi d'actions concrètes.

Autre outil, qui va plus loin, et qui est mis en place, notamment, par les membres du Centre des jeunes dirigeants de l'économie sociale : le bilan sociétal. Il permet d'évaluer la performance sociétale de l'entreprise en croisant les points de vue de la direction, des salariés et de l'extérieur.

Plus largement, le mouvement de la responsabilité sociale d'entreprise me semble particulièrement prometteur pour améliorer le climat interne et donc le fonctionnement des sociétés. Ce n'est pas pareil de travailler pour une entreprise qui se veut responsable dans ses activités que pour une autre qui n'assume pas les conséquences de ses actes en matière d'environnement et d'emploi.

E & C : N'est-il pas plus facile de remettre de la confiance dans les PME à taille humaine que dans les grands groupes où les salariés sont de simples rouages ?

J.-L. F. : Pas nécessairement. Si les valeurs sont claires, s'il y a une vision partagée par les équipes, cela irrigue l'ensemble du groupe. Dans une PME, c'est le patron qui fait sa boîte... avec le sens des responsabilités humaines, ou pas. Le patron qui, au printemps dernier, a proposé à ses salariés d'aller travailler en Roumanie pour 150 euros par mois, dirigeait une petite entreprise !

* Bourin éditeur, mai 2005.

Auteur

  • V. Q.