logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Demain

Rentrer. Mais rester

Demain | Chronique | publié le : 30.08.2005 | De P.-L. chantereau

Image

Rentrer. Mais rester

Crédit photo De P.-L. chantereau

Derniers bla bla dans la lumière du soir.

Les jambes pendantes au bord du quai, nous regardons à la fois monter la marée et le stress de la rentrée. Dans moins de deux jours maintenant, le cirque va reprendre, avec ses contraintes d'horaires, ses relations obligées, ses tenues de travail, ses programmes à suivre quoi qu'il arrive, tout ce que, justement, nous abandonnons en vacances pour baguenauder le nez au vent.

Angoisse partagée.

« Moi - dit l'un - j'aime bien mon métier. Enfin, la plupart du temps. Bien sûr, j'ai deux ou trois clients que je passerais volontiers à la moulinette, et il n'y a pas que des cadors dans mon équipe. Mais, dans l'ensemble, on s'amuse plus qu'on ne s'embête, et sans aller jusqu'à siffloter gaiement comme les sept nains, je pars bosser, chaque jour, sans aucune angoisse. Franchement, je ne me vois pas rester à la maison toute l'année. »

Molle approbation. Un bateau de pêche rentre de sa journée. La conversation paraîtrait étonnante (pour ne pas dire franchement déplacée...) à ceux qui gagnent si durement leur vie en mer.

« C'est pas que je trouve dur de rentrer travailler - dit un autre -, en tout cas, pas à cause du travail. Ni à cause des gens. Je suis dans un métier où les urgences sont telles qu'il est exclu de ne pas bien s'entendre. Non, ce qui me pèse, c'est tout ce cinéma de relations sociales à l'intérieur même de l'entreprise. Et jusque dans chaque service. Tout ce jeu de pouvoir, de séduction, de soumission, d'influences, de tractations. Tout ce que nous gommons pendant les vacances. Quand nous sommes plus proches de nous-mêmes, si on peut dire. »

On peut dire. On peut surtout préciser. Plus proche de soi-même ?

« Absolument. Comme si la vraie personne revenait à la surface, alors qu'elle est planquée derrière une carapace tout au long de l'année. C'est exactement l'impression que j'ai chaque année : une sortie d'hibernation. Ou mieux encore, la fin d'une pièce de théâtre avec plein d'erreurs de casting, où on me fait jouer un rôle que j'assume assez bien, mais qui ne me ressemble pas vraiment. »

Intéressant.

Si je comprends bien ce qui se dit, la difficulté de la rentrée est d'abord dans l'obligation de retrouver un rôle un peu pesant, plombé par des obligations d'apparence qui nous éloignent de notre réalité personnelle. Si c'est bien ça, d'où vient cette obligation ? Qui nous l'impose ? Qu'est-ce qui nous empêche de décider de rester nous-mêmes, tels que nous nous sentons si bien quand nous sommes en vacances ? En fait : rentrer, certes. Mais rester celui que nous sommes.

Beau programme pour septembre, non ?

Pierre-Loïc Chantereau <www.groupe-equation.com>

Auteur

  • De P.-L. chantereau