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Mobilisation générale contre le chômage

L'actualité | L'événement | publié le : 07.06.2005 | Sandrine Franchet

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Mobilisation générale contre le chômage

Crédit photo Sandrine Franchet

Jacques Chirac a décrété la mobilisation contre le chômage. Dominique de Villepin, Premier ministre, s'est donné 100 jours pour convaincre. Avec Jean-Louis Borloo, qui conserve le ministère de l'Emploi, il devra trancher entre une orientation plus sociale ou plus libérale.

La victoire du non au référendum sur la Constitution européenne s'est largement jouée sur le front du chômage, qui frappe encore 10,2 % de la population active. D'après un sondage TNS-Sofres, paru le 31 mai dernier, la crainte que le traité constitutionnel aggrave le chômage en France a, ainsi, été la première motivation du vote négatif, citée par 46 % des personnes interrogées.

Dominique de Villepin, le nouveau Premier ministre, a promis, le 1er juin dernier, à la suite de Jacques Chirac, de faire de la lutte pour l'emploi une priorité absolue. Il s'est engagé à avoir « recours à toutes les expériences », estimant que « tout n'avait pas été tenté » contre le chômage.

Aucune piste concrète avancée

N'avançant cependant aucune piste concrète (il a simplement évoqué la levée des obstacles qui pèsent sur le marché de l'emploi), Dominique de Villepin a assuré que le combat serait mené « dans le respect du modèle social français, qui veut concilier solidarité et liberté d'initiative », et s'est donné cent jours pour présenter ses premiers résultats.

Il a, par ailleurs, décidé de maintenir Jean-Louis Borloo au poste de ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement ; Gérard Larcher se voyant attribuer un ministère délégué «resserré» de l'Emploi, du Travail et de l'Insertion professionnelle des jeunes.

Majorité divisée

Il reste que la voie choisie par le nouveau gouvernement (plus sociale ou plus libérale) pour gagner cette bataille de l'emploi demeure encore très floue. Là où, sans surprise, les tenants du non réclament une relance forte de l'investissement public pour l'emploi, ainsi qu'un soutien à la consommation intérieure par une attention aux revendications salariales, la majorité se montre divisée. Les gaullistes Jean-Louis Debré et Patrick Ollier prônent, ainsi, une relance des grands travaux et des emplois aidés, quitte à s'affranchir des règles du pacte de stabilité. A l'inverse, dès le soir du 29 mai, Nicolas Sarkozy fustigeait l'échec du «modèle français» et réclamait un « tournant majeur dans nos politiques économiques et sociales ».

S'engouffrant également dans la brèche ouverte par le rejet de la Constitution européenne, le président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, a appelé de ses voeux un « assouplissement du Code du travail » et, notamment, la mise en place de contrats à durée déterminée de trois ans pour les plus de 55 ans.

Inquiétude des syndicats

Quant au patron de la CGPME, Jean-François Roubaud, qui devait être reçu le 6 juin dernier par le nouveau Premier ministre, il propose une « fusion des CDD et des CDI », un jeune embauché n'acquérant des garanties « qu'au fur et à mesure de son ancienneté ».

Les syndicats redoutent, à l'image de Bernard Thibault, à la CGT, « une feuille de route encore plus libérale » et avancent leurs pistes : ouvrir rapidement « une grande négociation sociale » ; « recréer de l'investissement public, avoir une stratégie industrielle » et donner un « coup de pouce au Smic », du côté de FO ; soutenir l'activité « par l'emploi, la relance, les rémunérations et les salaires », d'après la CFE-CGC ; ou encore, « sécuriser les parcours professionnels », tant pour la CFTC que pour la CFDT.

Modèle danois

Enfin, pour d'aucuns, la solution se trouverait dans un modèle alternatif, calqué sur la «flexsécurité» à la danoise (voir Entreprise & Carrières n° 753). Pour Raymond Soubie, Pdg d'Altédia et ancien conseiller social de Raymond Barre, qui s'exprimait dans Les Echos du 2 juin dernier, ce modèle, marqué par des prélèvements fiscaux et sociaux élevés, une protection sociale très développée, mais un fonctionnement du marché du travail à forte efficience, « séduit la droite comme la gauche ».

Transfert d'impôt

A l'occasion du forum national du Syndicat des entreprises de travail temporaire (lire l'article p. 8), Denis Gautier-Sauvagnac, vice-président délégué général de l'UIMM, s'est, ainsi, prononcé pour un transfert de la contribution chômage vers l'impôt sur le revenu.

Prévue pour le mercredi 8 juin, la déclaration de politique générale de Dominique de Villepin devant l'Assemblée nationale devrait permettre d'apporter les premiers éléments de réponse sur le cocktail de mesures qu'il choisira sans doute de concocter.

Chômage au plus haut, moral au plus bas

Malgré un très léger recul du nombre de demandeurs d'emploi depuis le début de l'année (-0,1%, soit 1 400 chômeurs en moins), le taux de chômage français reste bloqué à 10,2% de la population active au mois d'avril dernier (2,486 millions de personnes).

Cela représente une progresssion de 2,1% par rapport à avril 2004. Le recul concerne principalement les hommes (-0,3%) et les plus de 50 ans (-0,4). Les femmes, en revanche, connaissent une hausse de 0,2%, tandis que les moins de 25 ans demeurent, de loin, les plus touchés, avec un taux de chômage de 23,3%, en hausse de 0,6%.

D'après les dernières prévisions de l'OCDE, la faible croissance française ne devrait pas permettre d'inverser la tendance : le taux de chômage devrait encore atteindre 10% fin 2005, pour baisser à 9,6% un an plus tard.

Parallèlement, au mois de mai dernier, l'indicateur Insee relatif au moral des ménages s'est effondré, passant de -24 à -29 points (son plus bas niveau depuis octobre 2003). Cela s'explique, notamment, par le fait que les craintes relatives au chômage ont bondi de 14 points ce même mois, tandis que les perspectives de niveau de vie s'écroulaient de 9 points.

Auteur

  • Sandrine Franchet