Se référant au travail de nombreux sociologues et spécialistes de la réinsertion sociale, Patrick Fauconnier dénonce la fonction de «marqueur» social de l'école dans un pays qui, en dépit des discours officiels, n'a pas su créer de vraie deuxième chance pour les exclus du système scolaire.

De la tyrannie des valeurs académiques au mépris pour tout ce qui est pratique, le pas est vite franchi, excluant de l'accomplissement social et professionnel des millions de personnes dont le seul défaut est de n'être pas douées pour les sciences abstraites, notamment les mathématiques.

Notre système de formation initial est absurde, injuste, ruineux et inefficace.

Absurde, car l'hypersélectivité de l'école n'aboutit pas à une formation initiale plus performante que celle d'autres pays européens ou américains plus laxistes, bien au contraire.

Injuste, parce qu'il revient à faire payer aux classes moyennes, via l'impôt, la formation des classes supérieures.

Ruineux, notamment, par la nécessité d'organiser des examens couperets - entre autres, le bac - qui n'ont aucune utilité relativement au marché du travail, mais ne servent qu'à exclure ceux qui ne l'obtiennent pas.

Enfin, inefficace, car la primauté du rationalisme, inculqué via les maths, ne correspond pas aux qualités pratiques, relationnelles et d'innovation dont l'entreprise a besoin. Pour clore ce tableau déprimant, l'auteur dénonce un système de formation continue calamiteux (qui profite essentiellement à ceux qui en ont le moins besoin) et des mesures pour l'emploi qui aident les employeurs, mais pas les candidats sans formation.

Patrick Fauconnier est grand reporter au Nouvel Observateur, chargé des questions touchant à la formation professionnelle et à l'entreprise.