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Les Pratiques

Un bilan intermédiaire globalement «positif»

Les Pratiques | Expériences & Outils | publié le : 17.05.2005 | Rodolphe Helderlé

Alors que les reclassements au sein de la fonction publique ne sont pas loin d'avoir fait le plein, ce sont désormais les reclassements dans le privé qui permettront de diviser par deux les effectifs de Giat Industries d'ici au 30 juin 2006.

C'est un plan social atypique qu'a lancé Giat en avril 2004 (le sixième depuis 1990). Il vise, cette fois, à supprimer 3 300 emplois, soit la moitié des effectifs, avec des incitations financières variées et des délais de reclassement particulièrement longs. Les précédents plans sociaux ayant exclusivement joué sur des mesures d'âge, la population éligible s'est logiquement tarie. Ce dernier plan social table donc sur deux tiers de reclassements externes.

Cohabitation de trois statuts

En juillet 2004, une première liste des postes supprimés a été affichée ; 1 150 personnes se sont volontairement engagées dans un dispositif de reclassement, qui jongle avec les spécificités des trois statuts cohabitant dans l'entreprise : fonctionnaires détachés, ouvriers sous décret et personnel sous convention collective de droit privé. Le dispositif prévoit un congé préalable de réorientation professionnelle (CPRP) de neuf mois, pendant lequel les salariés sont dispensés d'activité et rémunérés à 100 %.

Selon la direction, 800 personnes ont d'ores et déjà trouvé une «solution» : 50 % ont signé un contrat de travail ; 30 % sont en préavis ; et 20 % ont des «contacts avancés». Ces reclassements s'effectuent à 45 % au sein des services du ministère de la Défense, à 25 % dans la fonction publique hors défense et à 30 % dans le privé. En outre, 250 salariés vont être reclassés dans le cadre d'«opérations spéciales», comme l'implantation du Commissariat de l'armée de terre sur le site de Roanne, qui s'accompagnera du transfert de 136 personnes.

Dans le cadre des reclassements dans le secteur privé, Giat comptabilise 40 créations d'entreprise. Un essaimage soutenu par la Sofred, société de conversion de Giat Industries, qui attribue des prêts d'honneur pouvant aller jusqu'à 40 000 euros, avec un taux d'intérêt de 1 %. L'objectif principal de la Sofred vise, cependant, à favoriser l'implantation d'entreprises privées sur les bassins d'emploi dont Giat Industries se désengage. A Tarbes, la Sagem va ainsi s'installer dans les locaux de Giat, en donnant une priorité à l'embauche au personnel maison, avec 200 emplois à la clé.

Une compensation dégressive est versée pendant trois ans si la rémunération du nouveau poste est inférieure à celle perçue chez Giat. Les personnes n'ayant pas trouvé d'emploi au terme de leur CPRP passent alors dans un congé de reclassement de six à neuf mois (en fonction du statut). Durant cette période, les salariés perçoivent d'abord 100 % de leur rémunération (pendant la durée du préavis), puis 75 %.

Seconde vague de suppressions de poste

En juillet prochain, la direction va annoncer la seconde liste des postes supprimés. La DRH concède que les choses vont se compliquer. Les transferts au sein du ministère de la Défense et dans la fonction publique ne pourront plus absorber 70 % des reclassements. En octobre 2004, il n'y avait eu que 7 notifications de suppression de postes adressées à des salariés non volontaires. La DRH s'attend à en envoyer beaucoup plus en octobre prochain. En particulier, les sites de Saint-Chamond (42), Tarbes (65) et Cusset (03) posent problème, ayant une grande majorité de salariés sous convention collective. « Il y a, pour le reclassement des non-cadres, une obligation de résultat, puisqu'ils ne peuvent sortir du dispositif tant qu'ils n'ont pas été embauchés », tient à préciser Thierry Smagghe, nouveau DRH de Giat, en place depuis six mois. Pour être recevable, le poste doit être situé à moins de 50 km du domicile et la rémunération au moins équivalente à 85 % du salaire brut antérieur. La période de reclassement peut donc perdurer au-delà de dix-huit mois. C'est à Altedia qu'incombe cette délicate et atypique mission. Selon Eric Brune, administrateur CGT de Giat, toutefois, « ce plan de restructuration ne va pas pouvoir se mener en jouant exclusivement sur des mesures sociales : il faut reconsidérer la stratégie industrielle ».

Des cadres démotivés

La direction n'a pas manqué d'être surprise par l'appel d'air provoqué par ce sixième plan social sur les 1 500 cadres qui ne représentent pourtant pas la cible principale (et qui ne bénéficient pas d'une obligation de résultat en matière de reclassement). Fin mars, 162 cadres étaient ainsi engagés dans le dispositif de reclassement, dont 77 avaient une solution identifiée. Par ailleurs, environ 50 cadres volontaires pour intégrer le plan social se sont vu refuser leur dossier.

Pour Thierry Smagghe, le DRH de Giat, il s'agit désormais de lutter contre la démotivation : « Les managers opérationnels sont sous pression du fait des perturbations qui découlent du plan social. Nous avons entamé des actions pour mieux faire partager la stratégie de l'entreprise avec les cadres. » L'objectif est d'équilibrer la marge opérationnelle en 2005. A partir de là, la DRH avance qu'il sera possible de parler participation, intéressement, plan épargne retraite...

Auteur

  • Rodolphe Helderlé