«Si, demain, nous devions fermer notre site Internet, ce serait un véritable recul. » Christophe Dupont, directeur du marketing de VediorBis, en est convaincu : Internet est devenu un formidable support opérationnel pour son secteur. Affichant en permanence entre 2 500 et 4 000 offres, le site de cette société de travail temporaire est visité, chaque mois, par 350 000 personnes qui déposent jusqu'à 50 000 candidatures en spontané ou en réponse à une offre de mission. « Le site accélère la visibilité de nos offres et la fluidité des CV », ajoute-t-il.

En la matière, anpe.fr est emblématique. Les entreprises ont, en effet, la possibilité d'y déposer 24 heures sur 24 leurs offres, lues par plus de 82 millions de visiteurs (audience en 2004, contre 61 millions en 2003). Au total, l'Agence diffuse, par ce biais, entre 150 000 et 200 000 offres d'emploi, suivies et réactualisées quotidiennement par ses 21 500 agents.

« Pour autant, la très grande majorité des relations entretenues avec nos clients et nos intérimaires s'effectue toujours par notre réseau d'agences et par nos commerciaux. Le site ne s'est pas substitué à eux », insiste Christophe Dupont.

Même observation de la part de Rose-Marie Ponsot, directrice du cabinet de recrutement Mercuri Urval France : « La prestation du consultant, à savoir sa connaissance d'un secteur, la sélection et l'évaluation des candidats, demeure l'essentiel de notre offre client. En revanche, pour ce qui concerne le volet sourcing, Internet a révolutionné notre métier. Auparavant, nous dépendions des retours des annonces presse. Elles représentent, désormais, un tiers de nos plans médias. Aujourd'hui, nous disposons de nos propres outils de sourcing. » Ainsi, le site de Mercuri Urval, qui en est à sa quatrième version depuis sa création, en 1996, propose, en moyenne, 150 offres d'emploi en ligne pendant cinq semaines maximum, et une CVthèque riche de 50 000 CV.

« En 48 heures, nous disposons d'une somme importante de réponses et nous ne sommes plus contraints d'attendre la publication du Figaro et la réponse par courrier des postulants », commente Rose-Marie Ponsot. Revers de la médaille, la publication sur Internet devient très spécifique. « Il faut réfléchir aux mots clés pour le référencement de l'offre, au choix des sites et à la codification pour catégoriser l'annonce », signale cette spécialiste.

Chez Manpower, chacune des 1 100 agences est «propriétaire» de ses offres. Leur premier réflexe : puiser dans leur propre vivier d'intérimaires réguliers. Il n'empêche. « Internet augmente considérablement les potentialités de notre réseau, explique Catherine Guichon, responsable du site, proposant, en moyenne, 5 000 offres organisées en 30 secteurs et une base de CV de 300 000 candidats. Récemment, notre agence d'Hendaye (64) cherchait un profil très particulier qui, après plusieurs jours, s'est révélé introuvable dans son secteur. Il a suffi de la mise en ligne de l'annonce et des caractéristiques du poste pour qu'en une journée, une personne de Lille correspondant au profil se fasse connaître et accepte d'être détachée au Pays basque. A l'évidence, Internet permet d'amorcer un échange. Cela est également valable pour nos prospects, qui ont à leur disposition un formulaire en ligne pour une première prise de contact, qui sera rerouté vers l'agence concernée. »

L'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a, elle aussi, tiré les bénéfices du web. « Apec. fr propose en permanence entre 13 000 et 14 000 offres confiées, pour 80 % d'entre elles, par les entreprises ; pour 5 %, par les agences de travail temporaire ; et, pour 15 %, par les cabinets de recrutement. En un an, 100 000 offres sont diffusées, dont 75 % saisies directement par les recruteurs, explique Jean-Pascal Szelerski, responsable du site. Une tâche qui, il y a trois ans encore, était du ressort des consultants. Aujourd'hui, ils réinvestissent ce temps dans l'accompagnement des cadres et des jeunes diplômés. »

Le site, qui reçoit la visite de 100 000 internautes par jour, fournit de nombreux services, ce qui a conduit à une baisse de fréquentation de certaines agences, notamment parisiennes. Dernier service en date, la consultation en ligne de plus de 14 000 offres de formation dans la France entière, réalisé en partenariat avec Foragora. « Nous recherchons la synergie entre les services de proximité fournis dans nos agences et ceux à distance. Ainsi, lors des différents salons de recrutement de l'Apec, nous permettons aux candidats de s'inscrire en ligne au préalable, pour un rendez-vous avec les entreprises exposantes », illustre Jean-Pascal Szelerski. Lors du salon de décembre dernier, 2 000 rendez-vous entre cadres et recruteurs ont ainsi été pris.